Produits alimentaires : la Pologne accuse la République tchèque de discrimination
Le torchon brûle de nouveau entre Prague et Varsovie au sujet des produits alimentaires importés depuis la Pologne voisine en République tchèque. Le gouvernement polonais, qui estime que les contrôles sanitaires sont trop stricts et trop nombreux, entend se plaindre auprès de la Commission européenne de la discrimination dont ses producteurs seraient victimes en République tchèque. Le ministère tchèque de l’Agriculture a vivement réagi à ces accusations.
« Les Tchèques sont très sensibles à la qualité des produits alimentaires polonais. Les autorités tchèques s’efforcent de nous contrôler, mais je tiens à souligner que le meilleur indice de la qualité des produits polonais, ce sont les consommateurs tchèques. Par ailleurs, je n’ai encore vu aucun Tchèque qui se serait empoisonné mortellement en consommant un produit polonais. En revanche, plusieurs Polonais se sont empoisonnés en consommant des produits tchèques. »
Par produits tchèques, le ministre polonais fait bien entendu référence d’abord au scandale de l’alcool frelaté au méthanol dont la distribution, depuis septembre 2013, a entraîné la mort de près de cinquante personnes et fait de nombreuses autres graves victimes, toutes intoxiquées.De leur côté, les autorités tchèques rejettent en bloc ces accusations. Même s’il a admis qu’un contrôle renforcé des produits alimentaires, et entre autres de ceux importés de Pologne, a été ordonné le 19 août dernier, le ministre de l’Agriculture, Marian Jurečka, a expliqué qu’il ne s’agissait à l’époque que d’une réaction sur le court terme à l’embargo décidé par la Russie sur les produits alimentaires provenant de l’Union européenne. Selon lui, les attaques polonaises sont donc infondées :
« Aucune instruction n’a jamais été donnée à nos organes de contrôle afin qu’ils se concentrent plus particulièrement sur les produits polonais. Il suffit de regarder les chiffres pour en avoir la confirmation. Si les contrôles des produits polonais sont plus nombreux, c’est simplement parce que la Pologne est le plus important exportateur de produits alimentaires en République tchèque. Mais dans le volume total de nos importations, les produits polonais ne sont proportionnellement pas plus contrôlés que les autres. »
Marian Jurečka reconnaît néanmoins que, suite à l’embargo décidé par Moscou, le gouvernement tchèque a redouté que des produits polonais initialement destinés au marché russe, où les exigences qualitatives sont autres que celles appliquées en République tchèque et au sein de l’Union européenne, puissent finir sur le marché local.Ces dernières années, plusieurs affaires agroalimentaires ont entravé les relations entre Prague et Varsovie. On se souvient ainsi notamment qu’en 2012 la République tchèque avait reproché à la Pologne d’avoir exporté sur son marché des centaines de tonnes de produits contenant du sel industriel destiné au salage des routes. Conséquence de quoi, la République tchèque avait décrété un embargo sur les importations de sel comestible polonais. Cette fois, on est encore loin d’une telle issue, mais la discussion qu’auront Marek Sawicki et Marian Jurečka dimanche et lundi prochains à Bruxelles lors de la rencontre européenne des ministres de l’agriculture risque d’être animée.