Sommet européen : les relations avec la Russie et la Pologne parmi les priorités tchèques
Solidarité européenne avec la République tchèque dans ses relations diplomatiques tendues avec la Russie dans l’affaire des explosions de Vrbětice ou encore poursuite de l’exploitation de la mine de lignite de Turów en Pologne : les sujets d’actualité ne manquaient pas pour Andrej Babiš lors du sommet des chefs d’Etat et de gouvernement des Vingt-sept, qui se tient à Bruxelles ces lundi et mardi.
On le savait avant même l’ouverture du sommet : aucune nouvelle expulsion de diplomates russes des pays membres de l’UE ne serait décidée à Bruxelles, et ce, malgré ce qu’aurait souhaité le Premier ministre Andrej Babiš. Et pour cause : la chancelière allemande Angela Merkel a récemment réproché au gouvernement tchèque de ne pas avoir coordonné son action avec ses partenaires européens avant d’expulser du personnel de l’ambassade russe à Prague. Néanmoins, les Vingt-sept ont exprimé formellement leur solidarité avec la République tchèque, après que Moscou a placé celle-ci sur sur une liste de pays ayant commis des « actes inamicaux », et Andrej Babiš s’en est, semble-t-il, contenté, comme il l’a expliqué lors d’un point presse ce mardi matin :
« J’ai de nouveau informé mes collègues de l’affaire Vrbětice et je suis heureux que les dirigeants européens aient exprimé leur solidarité avec la République tchèque, comme je le souhaitais, et que les activités illégales, provocatrices et déstabilisatrices de la Russie à l'encontre de l’UE et des Etats membres aient été condamnées. »
Comme l’a encore précisé Andrej Babiš, les Vingt-sept, qui entretiennent des relations très diverses avec Moscou, et en premier lieu au sein même du groupe de Visegrád (République tchèque, Hongrie, Pologne, Slovaquie), se sont donné rendez-vous au prochain sommet en juin prochain pour examiner un rapport sur les relations politiques UE-Russie, que prépare le Haut représentant Josep Borrell.
Mine de Turów : un accord en vue ?
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En marge de la réunion, le sommet a aussi été l’occasion pour Andrej Babiš de s’entretenir avec son homologue polonais au sujet de la mine de Turów, dont l’exploitation - que la Pologne souhaite poursuivre jusqu’en 2044 - nuit non seulement à la qualité de l’air et aux réserves d’eau souterraines dans les régions frontalières, mais aussi aux relations entre les deus pays. Cette entrevue s’est tenue trois jours seulement après la décision rendue par la Cour de justice de l’UE, qui a ordonné de cesser immédiatement les activités de la mine. Une décision que Varsovie n’entend pas respecter, puisqu’elle prévoit de maintenir la mine ouverte, comme l’a confirmé Mateusz Morawiecki :
« Je comprends le contexte politique de cette affaire. Je pense que tous ceux qui s’intéressent à ce différend comprennent que celui-ci est renforcé par le fait qu’il y aura bientôt des élections législatives et qu’il y a eu récemment des élections municipales en République tchèque. Mais pour nous, Polonais, il s’agit dans tous les cas d’une affaire fondamentale. Il importe d’éviter une catastrophe tout à la fois écologique, énergétique et économique dans cette région de la Pologne. »
Mateusz Morawiecki a néanmoins ajouté que la Pologne entendait dialoguer avec son voisin tchèque. La décision de la justice européenne n’est en effet pas définitive et l’affaire doit encore être examinée sur le fond, plus tard. En attendant, Andrej Babiš a présenté aux journalistes une interprétation de l’évolution du différend différente de celle du Premier ministre polonais :
« Je suis heureux qu’après tant d’années la Pologne reconnaisse que l’exploitation de la mine nuit à l’environnement et à la qualité de la vie des Tchèques. Nous nous efforçons de discuter du problème avec la Pologne depuis 2016. En vain, puisque ces négociations n’ont abouti à aucun résultat, la Pologne ne reconnaissant pas nos conclusions. Mais la Cour de justice de l’UE a rendu une décision qu’il convient de respecter et un groupe d’experts des deux pays est chargé de définir les contours d’un accord. C’est désormais au gouvernement polonais qu’il appartient de débattre de tout cela avant la signature d’un accord bilatéral, comme cela est envisagé. L’information qui a circulé durant la nuit selon laquelle j’aurais retiré notre plainte auprès de la Cour de justice de l’UE est infondée. Il faut poursuivre les négociations, faire vite, et je suis heureux que la Pologne discute avec nous de manière désormais très concrète. »
Lundi soir, à la Télévision tchèque, le ministre de l’Environnement tchèque, Richard Brabec, a confirmé que les négociations entre les deux pays étaient en bonne voie. L’accord en question comprendrait notamment des compensations financières et des investissements polonais à hauteur de 45 millions d’euros pour limiter l’impact négatif de l’exploitation de la mine.