Le tchèque par de-là les frontières
Une série de conférences sur la langue tchèque, qui se tiennent jusqu’au vendredi au Musée national à Prague, s’est donnée pour ambition de rassembler des expatriés ainsi que des linguistes et des professeurs, afin de discuter de l’évolution de l’enseignement de la langue tchèque en dehors des frontières du pays. Organisées sous le patronage du Comité international de coordination des Tchèques vivant à l’étranger, ces conférences linguistiques veulent porter l’accent sur la divulgation, sur l’utilisation et sur la problématique de la langue tchèque à l’étranger. Radio Prague s’est entretenue avec Lucie Slavíková-Boucher, qui nous en a révélé d’avantage sur l’association ‘L’Ecole tchèque sans frontières’ (Česká škola bez hranic), dont elle est la coordinatrice à Paris.
« Les ‘Ecoles tchèques sans frontières’ sont des écoles que l’on appelle des écoles de samedi bien qu’elles ne soient pas religieuses. Ce sont donc des écoles complémentaires, qui ajoutent à l’éducation primaire et partiellement secondaire, aux enfants qui sont d’origine tchèque, l’éducation en langue tchèque, comme la littérature, l’histoire et la géographie tchèque. Il s’agit donc d’une éducation que les enfants ne peuvent pas obtenir ailleurs que finalement chez nous, mis à part les écoles européennes à Bruxelles, par exemple. »
Ces écoles, où se trouvent-elles ?
« Elles se trouvent là où des gens d’origine tchèque, et surtout des Tchèques, ont en besoin, et là où ils veulent les créer. Ce sont des écoles que personne ne crée du haut, personne ne les bâtit. En général ces écoles-là n’ont pas de bâtiment. C’est plutôt le contenu qui donne l’école et non pas le bâtiment. Mais en même temps elles sont créées par des gens qui les veulent. Maintenant on est quasiment sur tous les continents. Si les gens ont en besoin et s’ils sont assez nombreux pour se mettre d’accord, pour s’organiser, ils créent une école de ce type. Maintenant donc ces écoles se trouvent à cinquante endroits en Europe et dans le monde. En septembre de cette année, à peu près 1800 élèves ont commencé à les fréquenter. »
Comment se passe concrètement l’enseignement du tchèque ?
« Concrètement l’école à Paris a signé l’année dernière déjà un contrat avec le Ministère de l’Education nationale tchèque. Ce contrat nous donne la possibilité de délivrer des certificats de fin de scolarité de chaque année, qui est reconnue et valable en République. Ce qui veut dire que les enfants ne sont plus obligés de passer des examens qui vérifieraient leurs connaissances dans les différentes matières enseignées. On enseigne d’après un programme complètement tchèque l’histoire, la géographie et la littérature. On se réunit donc tous les samedis, sauf vacances scolaires, et l’enseignement dure quatre heures. Les enfants ont des devoirs à faire pour le samedi suivant. Nous avons des professeurs diplômés pour les matières qu’ils enseignent et originaires de République tchèque. Le contenu de l’enseignement y est exactement même qu’en République tchèque. »« 95% de familles dont les enfants viennent chez nous proviennent de familles mixtes, ce qui veut dire qu’il y a au moins un parent qui est Français et qui a donc un intérêt à envoyer son enfant à l’école. Donc, certes on enseigne à des Tchèques puisque statistiquement la plupart sont des citoyens tchèques, de la même manière qu’ils sont citoyens français, allemands ou américains. Mais en premier lieu, on peut dire que l’on enseigne aux petits Français. »« Paris a été la première école fondée fin 2003, mais progressivement Berlin nous a suivi, ainsi que Londres, puis des écoles en Suisse, en Belgique et en Allemagne. Plus récemment se sont jointes à nous des écoles aux États-Unis, en Australie, en Nouvelle Zélande. »
Combien y a-t-il de personnes qui enseignent au sein de ces écoles ?
« On a essayé de faire le compte récemment, et il y a donc environ 300 personnes dans le monde entier. Certaines écoles arrivent à payer d’une certaine façon leurs enseignants, mais comme on ne reçoit pas systématiquement de l’argent du budget de l’Etat tchèque, donc tout dépend des écoles et de leurs façons de trouver des sponsors, à trouver des financements. Les professeurs sont donc parfois un peu payés, parfois absolument pas par rapport au nombre d’heures qu’ils font. Cela reste donc toujours un emploi pour ceux qui adorent faire cela. »