Hausse du budget de la Défense : vers plus de qualité ?
Mercredi, les trois partis de la coalition gouvernementale ont conclu, après six mois de négociations, un accord prévoyant d’augmenter progressivement à 1,4% du PIB le budget de la défense. On reste loin des 2% préconisés par l’OTAN pour ses pays membres, mais l’effort est manifeste alors que s’est ouvert jeudi au Pays de Galles le sommet de l’organisation atlantiste. Pour parler de la décision du gouvernement tchèque, Fabio Liberti, chef de projet au sein de l’Agence européenne de défense, s’est exprimé au micro de Radio Prague.
« Nous assistons dans tout déploiement européen aux contributions de n’importe quel Etat membre de l’UE. Je peux vous dire que toute contribution est extrêmement utile car chaque pays membre de l’UE dispose des niches capacitaires qui sont extrêmement valides, valables. »
Aussi, l’augmentation du budget de l’armée tchèque devrait lui permettre de mieux assurer ses missions dans un contexte international très tendu marqué par la crise ukrainienne et la guerre en Syrie et en Irak. Fabio Liberti explique :
« C’est sans doute un signal envoyé à la communauté international et aux partenaires de la République tchèque. Maintenant, il faut contextualiser cette décision. Nous venons depuis deux décennies d’une longue série de baisses des budgets de défense pratiquement partout en Europe. Il est vrai que les pays d’Europe centrale et orientale ont modernisé leur armée donc sont passés dans les années 1990 dans une phase d’investissement. Mais surtout depuis l’explosion de la crise financière, économique puis budgétaire, nous avons assisté à de fortes baisses des budgets de défense partout en Europe. »
Fabio Liberti rappelle également qu’une hausse du PIB consacré aux armées ne signifie pas nécessairement une hausse de ce budget, notamment en cas de récession. Avec la reprise de l’activité économique en République tchèque, l’armée tchèque devrait néanmoins à termes disposer de moyens supplémentaires et Prague faire bonne figure à Newport au Royaume-Uni, où les 28 dirigeants de l’OTAN sont actuellement réunis et montrent les dents face à la Russie. La crise ukrainienne est au cœur de ce sommet et les pays d’Europe centrale et orientale sont en première ligne :« Nous vivons dans un contexte international extrêmement tendu. Tout autour de l’Union européenne, des foyers de crise se déclarent donc il est évident, qu’un certain nombre d’Etats membres, presque la totalité des pays d’Europe centrale et orientale mais également la Suède, sont en train d’annoncer des augmentations de leur budget de défense. »
En 2013, la République tchèque ne dépensait que 1% de son PIB pour ses forces armées. La hausse décidée par les partenaires de coalition, sociaux-démocrates, représentants du mouvement ANO et chrétiens-démocrates, devrait satisfaire les militaires, qui se plaignent depuis longtemps d’un manque de moyen qui serait préjudiciable à la capacité opérationnelle du pays, mais également le secrétaire général de l’OTAN, le Danois Anders Fogh Rasmussen, venu à Prague en avril dernier prêcher une augmentation de l’effort militaire tchèque. Cependant, pour l’Agence européenne de la défense, ce n’est pas tant l’aspect quantitatif de cet effort qui est important, que l’aspect qualitatif, c’est-à-dire la capacité à investir pour préparer les armées aux temps à venir. Fabio Liberti :
« Nous, en tant qu’Agence européenne de défense, nous ne préconisons pas forcément plus de dépenses, comme cela est fait par exemple par l’OTAN. L’alliance atlantique préconise un niveau de budget de défense arrivant à 2% du PIB pour tous les pays membres. Seulement trois pays de l’alliance respectent cet objectif. A l’Agence européenne de défense, nous disons qu’il ne faut pas forcément dépenser plus mais qu’il faut dépenser mieux. Pour dépenser mieux, il faut travailler de façon collaborative. »
Et contribuer à faciliter cette démarche collaborative, c’est précisément le rôle de l’Agence européenne de la défense, institution créée en 2004 et basée à Bruxelles.