Nouvelle Stratégie de défense : la Tchéquie entend se donner les moyens de bien se défendre
Se préparer à une longue guerre défensive et dissuader les potentiels agresseurs doivent être une priorité pour la Tchéquie. Tel est le principal enseignement qui ressort de la version actualisée de la Stratégie de défense de la République tchèque, qui a été approuvée mercredi par le gouvernement. Un document qui définit concrètement la nature des principales menaces qui pèsent actuellement sur la sécurité de la Tchéquie et de ses alliés et souligne qu’une future attaque de la Russie contre l’Occident n’est pas à exclure.
La dernière version de ce document stratégique pour la sécurité de la Tchéquie remontait à 2017. À l’époque, la Russie était déjà considérée comme une menace potentielle, mais le président Miloš Zeman, à la tête d’une délégation composée de 140 chefs d’entreprise, s’apprêtait à y effectuer une visite de cinq jours, à rencontrer Vladimir Poutine et Dmitri Medvedev et, malgré les explosions des entrepôts de munitions à Vrbětice trois ans plus tôt, les relations entre le Château de Prague et le Kremlin étaient au beau fixe et Tchèques et Russes faisaient encore affaire.
Près de six ans plus tard, le contexte n’est bien évidemment plus le même. La Tchéquie n’a même plus d’ambassadeur à Moscou et la Russie est plus que jamais pointée du doigt.
Certes, cette Stratégie actualisée de défense indique que le risque d’une menace directe pour la Tchéquie reste faible. Dans le même temps, la probabilité d'une attaque la visant directement, elle ou ses alliés, est la plus élevée de ces trente dernières années, autrement dit depuis la fin de la guerre froide.
Selon le document, la priorité est donc de mettre les moyens en œuvre pour disposer de force bien armées, bien équipées, bien entraînées et aptes au combat, qui puissent être déployées dans le cadre d’opérations de défense collective. Selon la ministre de la Défense, Jana Černochová, tout cela est lié à l’indispensable modernisation de l’armée :
« Dissuader l’adversaire est le principe clé de notre défense. En aucun cas, notre objectif ne sera de mener une guerre contre un agresseur quel qu’il soit, mais bien de le dissuader de nous attaquer. Pour cela, nous avons besoin d’importantes capacités de défense et d’être prêts à y recourir en cas de besoin. »
En début d’année, le gouvernement avait déjà validé le principe selon lequel la Tchéquie consacrerait désormais au moins 2 % de son produit intérieur brut aux dépenses militaires, soit la part minimale demandée à chaque État membre de l’OTAN. Depuis son intégration à l’Alliance en 1999, la Tchéquie, malgré les promesses régulièrement faites par ses dirigeants, n’a toutefois encore jamais respecté cet engagement et, comme d’autres pays européens, elle est parfois critiquée pour sa participation insuffisante. Cette fois, le document stipule également que la Tchéquie procédera à une nouvelle augmentation des dépenses de défense en cas de nécessité.
Comme de la nouvelle Stratégie de sécurité adoptée par le gouvernement en juin dernier, il ressort de cette Stratégie de défense que la Russie, avec sa volonté d’expansion et de contrôle des pays voisins, agit délibérément contre la stabilité politique, économique et sociale de la Tchéquie. Ainsi donc, la restauration de la souveraineté et de l’intégrité territoriale de l’Ukraine est dans l’intérêt de la Tchéquie, tout comme la capacité des pays d’Europe de l’Est à contrer l’hostilité de Moscou.
La Chine n’est pas non plus oubliée. Celle-ci est identifiée comme un risque de remise en cause de l’ordre international, avec toutes les conséquences négatives que l’action de Pékin pourrait avoir pour la sécurité euro-atlantique, au même titre que le terrorisme ou l’instabilité et les dysfonctionnements des pays voisins de l’Europe.
Plus généralement, la Tchéquie se doit donc d’être en mesure de faire face à des opérations hostiles dans les domaines de la cybernétique, de l’information, de l’économie et du renseignement, tout en se tenant donc prête à s’engager en tant que partie prenante dans un éventuel conflit armé. Par ailleurs, et c’est là une nouveauté, le document mentionne aussi la nécessité d’envisager diverses autres situations d’urgence et de crise, y compris celles à long terme causées, par exemple, par le changement climatique. Dans ce contexte, l’appartenance à l’OTAN et à l’UE reste considérée comme cruciale pour la protection des intérêts du pays.