Czech made: la Remoska
Radio Prague vous propose cette année une série estivale consacrée à des marques et des produits de la République tchèque dont la réputation dépasse les frontières du pays. De l’antivirus Avast aux tracteurs Zetor en passant par le Semtex, la pervitine ou le knedlík - poilu ou non – la sélection ne sera sûrement pas exhaustive ; elle n’en sera pas moins variée.
Pour faire simple, il s’agit d’une grande poêle à frire électrique qui se ferme et fait office de four. Quasi révolutionnaire, cette invention tchèque de l’après-guerre fête cette année le cinquantième anniversaire du dépôt de son brevet et, bien que certaines touches de modernisation aient été ajoutées, elle est toujours fabriquée selon le même concept.
La production de la première Remoska remonte au début des années 1950. Elle avait été baptisée HUT, initiales de ses inventeurs Homuta, Uher et Tyburec, dont l’atelier avait été nationalisé et regroupé avec d’autres sous l’enseigne locale REMOS (Revize, Elektro, Montáže, Opravy, Servis). D’où le nom de la Remoska, qui commencera à être produite en série d’abord à Zdice puis à Kostelec nad Černými lesy, à quelques dizaines de kilomètres de Prague.
Près de trois millions de ces fours électriques portables ont été vendus en 35 ans ! La fin du communisme et l’arrivée de produits électroménagers occidentaux et asiatiques ont bien failli être fatales à la Remoska - surtout le four à micro-ondes.
Ivo Svoboda, l’actuel gérant de la société Remoska, se souvient bien de cette passe difficile.Obligée d’être restructurée et déménagée, l’usine de production, désormais privée, s’installe en 1994 à Frenštát pod Radhoštěm, en Moravie.
En 1999, la Remoska se met au goût du jour grâce à l’acquisition de la licence permettant de la doter d’un revêtement antiadhésif en Teflon.
Ivo Svoboda peut s’estimer heureux d’avoir réussi à maintenir son produit dans les chaumières du pays, notamment dans toutes ces résidences secondaires que chérissent les Tchèques et où les cuisines ne sont pas aussi bien équipées qu’en ville.
« Désormais nos clients sont tant les jeunes que les moins jeunes », indique fièrement Ivo Svoboda, selon lequel la meilleure publicité pour son produit sont les heures passées en cuisine quand le savoir-faire se transmet de génération en génération.
Il n’en oublie pas pour autant la vraie publicité, en tout cas la visibilité sur les réseaux sociaux : la Remoska a aujourd’hui son compte Facebook et son canal Youtube.Surtout, la Remoska est devenu un produit d’export - 50% de la production est vendue à l’étranger, d’abord en Grande-Bretagne. C’est à une Lady que la société tchèque doit ce succès outre-Manche : Lady Milena Grenfell-Baines.
Née Milena Fleischmannová à Prague en 1929, elle a échappé aux camps nazis grâce aux trains affrétés par Nicholas Winton qui ont sauvé avec elle des centaines d’autres enfants juifs de la Tchécoslovaquie.
De retour dans son pays d’origine pour visiter une de ses cousines, elle découvre la Remoska dont elle avait déjà entendu parler plusieurs fois:
Milena Grenfell-Baines: « On a acheté ici une Remoska et je me suis demandée pourquoi la Remoska ne se vendait pas ailleurs. J’ai trouvé le numéro de l’entreprise à Frenštát pod Radhoštěm et Monsieur Svoboda m’a répondu qu’il ne connaissait malheureusement personne en Angleterre. Quand je lui ai dit que j’allais lui trouver quelqu’un il m’a dit que j’étais un ange venu du ciel ! Et en quelques années 100 000 Remoska ont été vendues en Angleterre… »
Quelques mois après, la Remoska s’est même vue décernée le prix de la meilleure invention par le mensuel des ménagères anglaises, Good housekeeping magazine, qui louait entre autres la faible consommation en énergie du produit tchèque. Le quotidien The Independent l’a incluse dans sa liste des 50 ustensiles essentiels de cuisine.Un site en anglais est désormais entièrement dédié aux utilisateurs : on y trouve notamment des recettes ou des messages. Dans l’un d’entre eux, une des nombreuses familles anglaises installées en France se plaignait de ne pas y trouver de Remoska. Elle a été sauvée in extremis grâce à la possibilité offerte par le site d’en acheter en ligne.