Pour ses 20 ans, le festival du théâtre européen à Hradec Králové s’offre une nouvelle direction
Parfois présenté comme le festival d’Avignon tchèque, le Festival des théâtres des régions d’Europe se déroule actuellement à Hradec Králové (Bohême de l’Est). Des dizaines de milliers de spectateurs participent à cette rencontre traditionnelle qui propose pour sa vingtième édition près de 300 spectacles en l’espace de neuf jours. Marqué cette année par le départ de son fondateur, le directeur du théâtre Klicpera, Ladislav Zeman, le festival est voué à prendre une nouvelle orientation sous la tutelle de la dramaturge de ce même théâtre, Jana Slouková, qui a répondu à quelques questions de Radio Prague.
« A l’origine, un festival européen du montage avait été lancé. Il s’agissait du premier événement de ce type en République tchèque après la révolution de Velours. Il a été fondé par le directeur du théâtre Klicpera, Ladislav Zeman, qui voyageait souvent en Avignon, avait des contacts à l’étranger et savait aussi choisir le meilleur de la production théâtrale tchèque. Ladislav Zeman a choisi d’organiser le festival à la fin du mois de juin afin de marquer solennellement la fin de la saison. »
Le festival est lié indissociablement au directeur du théâtre Klicpera, Ladislav Zeman. Sous sa direction, le théâtre Klicpera a reçu quatre fois, depuis 1990, le titre de « Théâtre tchèque de l’année ». Mais avant cette vingtième édition, Ladislav Zeman a annoncé son départ à la retraite. Jana Slouková poursuit :
« Ladislav Zeman a organisé toutes les éditions du Festival des théâtres des régions d’Europe, mais cette fois, pour des raisons de santé, il m’a chargé d’organiser la vingtième édition. Je pense que mon arrivée s’accompagne d’une légère réorientation du festival, et ce notamment sur deux aspects. D’abord, je suis très heureuse qu’après quatre ans de pause, nous ayons de nouveau des troupes étrangères. Elles sont au nombre de six. Mon deuxième objectif est d’inviter les réalisateurs des spectacles et ainsi de permettre au public et aux professionnels de se familiariser avec la culture du théâtre dans des pays qui, pour nous, sont exotiques. »Des comédiens français, polonais, tunisiens ou kosovars se produisent donc devant le public de Hradec Králové. La délégation tunisienne est l’invitée spéciale de cette année. Jana Slouková esquisse les contours d’une possible coopération :
« Il s’agit vraiment d’un projet exclusif. J’ai réussi à lancer une coopération avec la ville tunisienne de Sfax. Nous avons fait venir à Hradec le professeur de littérature Lassaad Jamoussi, qui est également le directeur du plus grand festival de théâtre en Tunisie. J’espère que nous organiserons différents échanges à l’avenir ou que nous jouerons comme invités les uns chez les autres. Dans sa conférence, monsieur Jamoussi a exposé non seulement la situation actuelle dans le monde du théâtre en Tunisie, mais aussi proposé une excursion dans l’histoire culturelle de son pays. Je retiens deux choses de sa présentation. La première est que nous oublions souvent que la Tunisie est un pays très ancien où il y avait des civilisations, des Berbères et des Phéniciens, avant même la Grèce et la Rome antiques. La seconde, elle, se rapporte à l’influence du Printemps arabe qui a permis de jouer des pièces de plusieurs auteurs jusqu’alors interdits en Tunisie et de disposer d’une plus grande liberté de parole. »Le Festival des théâtres des régions d’Europe, qui refermera ses portes ce lundi 30 juin, est entré dans sa seconde moitié. Ce jeudi, il accueille la pièce « Diderot Bagarre » de Régis de Martrin-Donos, un auteur contemporain français également présent à Hradec Králové.