Les retraites tchèques revalorisées
Malgré la grisaille qui règne cette semaine dans le ciel, un petit rayon de soleil a brillé mercredi pour les retraités tchèques. Le projet de valorisation de leurs pensions a en effet été adopté par le gouvernement. A compter de janvier prochain, c’est donc en moyenne de 205 couronnes (7,60 euros) de plus que les retraités disposeront dans leur portefeuille. Si cela peut sembler peu, cette augmentation n’est cependant pas négligeable lorsque l’on sait que le montant moyen d’une pension s’élève à peine à 11 000 couronnes (407 euros).
« L’origine de ces problèmes remonte aux années 1990. A l’époque, nous insistions déjà sur la nécessité de séparer le budget des retraites de celui de l’Etat, car les prélèvements, pendant des années, ont été supérieurs à la somme redistribuée. Mais cet excédent a été gaspillé. Ensuite, un déficit est apparu avec la réduction progressive mais très importante des cotisations, le tout sur fond de déficit démographique. Ces vingt dernières d’années, un million de naissances supplémentaires auraient été nécessaires pour équilibrer la situation démographique vis-à-vis des prélèvements. »
Le dossier des retraites est une vraie patate chaude : les gouvernements se la refilent sans jamais oser entreprendre de véritables réformes. La valorisation décidée mercredi prend en compte l’évolution du taux d’inflation, celle du montant du salaire réel moyen, plus un bonus de 35 couronnes (1,40 euro). A titre de comparaison, l’augmentation prévue pour cette année n’est que de 45 couronnes, conséquence des importantes coupes budgétaires du précédent gouvernement. Selon ses membres, qui usent depuis leurs fonds de pantalon sur les bancs de l’opposition, cette dépense envisagée par la coalition gouvernementale serait incompatible avec l’engagement pris vis-à-vis des institutions européennes de garder le déficit du budget en-dessous de la barre des 3% du PIB. Vice-président du parti social-démocrate (ČSSD), principale formation de la coalition, Lubomír Zaorálek rejette cet argument :« Au-delà de la surveillance du déficit public, nous avons une autre tâche, beaucoup plus importante, qui est de relancer l’économie, créer des emplois et lutter contre le chômage. Valoriser les retraites, ce n’est pas de la charité. C’est, d’une part, une question de dignité humaine, et, d’autre part, un moyen d’encourager la consommation. Tous les économistes s’accordent aujourd’hui pour dire que la consommation est une des clés de la relance de notre économie. »
Pour Jaroslav Faltýnek, président du groupe parlementaire du mouvement ANO, des économies de l’ordre de plusieurs milliards de couronnes peuvent être réalisées grâce à une meilleure gestion des finances publiques, notamment au niveau des frais de fonctionnement des différents ministères. Jaroslav Faltýnek développe sa pensée :
« Dans le domaine de la santé, par exemple, les acquisitions d’équipements médicaux spécialisés sont de l’ordre de plusieurs centaines de millions de couronnes. En République tchèque, nos dépenses pour ce type d’investissement sont deux fois plus élevées qu’en Allemagne ! Et ce n’est là qu’un exemple parmi beaucoup d’autres. »La croissance attendue de l’économie européenne, ainsi que l’état des comptes publics tchèques, pourraient contribuer à atteindre ces objectifs ambitieux. Les différents engagements pris par le gouvernement ne sont donc pas nécessairement voués à l’échec. Cependant, la valorisation des retraites, présentée comme la première mesure d’une réforme plus vaste, ne semble pas tout à fait destinée à résoudre la question des générations de futurs retraités.