Virose, cendrier, amnistie, trafic : 2013 en Tchéquie en quelques mots
« Ras-le-bol ! » s’intitulait notre dernière rubrique. C’est pourtant avec beaucoup de plaisir que nous vous retrouvons. Vous vous en souvenez peut-être, nous avions évoqué le ras-le-bol non seulement parce qu’il s’agissait du mot français de l’année 2013, mais aussi et surtout pour découvrir quels pouvaient être ses équivalents en tchèque. Nous allons donc continuer de nous intéresser à quelques-uns des mots-clefs de l’année dernière, mais bien en République tchèque cette fois.
Mais preuve que ce comportement n’est pas propre seulement au chef de l’Etat, mais s'étend à une grande partie de la classe politique tchèque, deux des autres mots de l’année 2013 ont été « amnestie » et « trafika ». Tout d’abord, concernant le mot « amnestie », il s’agit de l’amnistie très controversée de plusieurs milliers de détenus tchèques déclarée par le prédécesseur de Miloš Zeman, Václav Klaus, lors de son discours du Jour de l’An, le 1er janvier 2013, soit peu de temps avant la fin de son second mandat. A l’époque, on avait surtout reproché à Václav Klaus d’agir dans un intérêt personnel, cette amnistie servant avant tout à libérer les grands escrocs des années 1990, les fameux « tuneláři » de la grande transformation économique et de la privatisation à tout-va, des « tuneláři » que nous avons d’ailleurs déjà évoqués dans une émission précédente (http://www.radio.cz/fr/rubrique/tcheque/fraudes-escroqueries-ou-comment-les-tcheques-creusent-des-tunnels).
Passons maintenant au second mot « trafika », un mot revenu cette semaine en plein cœur de l’actualité avec l’inculpation de l’ancien Premier ministre Petr Nečas. Au-dessus d’une photo de ce dernier, « Trafikanti »était le titre qu’avait choisi le quotidien Mladá fronta Dnes en une de son édition du 19 juin 2013. « Trafikanti », un mot difficilement traduisible en français, même s’il fait bien entendu penser à des trafiquants. En tchèque cependant, « trafika » désigne non seulement au sens propre un bureau de tabac, mais aussi au sens figuré un poste avantageux dans l’administration ou dans une entreprise publique, poste obtenu en échange de services rendus dans le cadre de luttes de pouvoir dans un parti ou groupement politique. C’est de ce type de« trafika » dont avaient bénéficié trois anciens députés du parti civique démocrate (ODS) à l’automne 2012.En échange de postes lucratifs dans des entreprises contrôlées par l’Etat, les trois « rebelles », tels qu’ils étaient alors surnommés, avaient accepté de renoncer à leur mandat à la Chambre basse afin de permettre l’adoption d’une réforme vitale pour le fonctionnement de la coalition gouvernementale qui était alors en place et ne disposait que d’une très faible majorité. S’agissait-il d’une forme de corruption ou d’une simple pratique certes moralement condamnable mais néanmoins courante et donc plus ou moins tolérée dans le milieu politique ? C’est la question que beaucoup se posaient et continuent de se poser en République tchèque.Néanmoins, pour la police et la justice, la réponse semble claire : il s’agit bien de corruption et c’est pourquoi Petr Nečas a été inclupé.
C’est ainsi que s’achève ce « Tchèque du bout de la langue »… Et à l’évocation de ces quelques mots qui ont fait l’année politique 2013 en République tchèque, on aurait presque envie de crier, comme les Français l’ont fait, RAS-LE-BOL ! Mais ça ira mieux de nouveau dans quinze jours quand nous ferons de nouvelles découvertes relatives à la langue tchèque. D’ici-là, portez-vous du mieux possible - mějte se co nejlíp !, portez le soleil en vous - slunce v duši, salut et à bientôt - zatím ahoj !