L’ex-Premier ministre Petr Nečas inculpé pour corruption
Une procédure d’inculpation a été engagée, mardi, contre l’ancien Premier ministre Petr Nečas (Parti civique démocrate, ODS) suite à l’affaire de corruption ayant conduit à la démission de son cabinet en juin dernier. L’ancien chef de la coalition gouvernementale de droite est accusé d’avoir offert des postes lucratifs dans des entreprises contrôlées par l’Etat à trois députés de son parti en échange de leur démission. Petr Nečas nie tout acte malveillant et considère que son inculpation, « politique » selon lui, est motivée par un désir de « représailles » à son égard.
Un volet de l’affaire implique cependant ce dernier, puisque la police s’intéresse à la démission dans de circonstances troubles de trois députés du parti dont il est alors le président, le parti civique-démocrate (ODS).
En novembre 2012, Petr Tluchoř, Marek Šnajdr et Ivan Fuksa, avaient accepté de renoncer à leur mandat pour qu’un paquet de lois fiscales, auquel ils étaient opposés mais indispensable pour l’adoption du budget de l’Etat, puisse être validé par la Chambre basse du Parlement. Quelques mois plus tard, les trois hommes accédaient à des postes lucratifs dans les directions de différentes entreprises dont l’Etat est actionnaire majoritaire.Or, c’est Petr Nečas en personne qui aurait supervisé le deal. Lui-même le reconnaît d’ailleurs mais n’y voit aucun mal, évoquant « une pratique politique normale et courante ». Le procureur d’Olomouc Ivo Ištvan, qui chapeaute l’enquête, n’est cependant pas de l’avis du Premier ministre. Le juriste constitutionnaliste Marek Antoš non plus, selon lequel la mise en examen de ce mardi était attendue :
« Si on affirme qu’offrir un poste de travail à quelqu’un en échange de sa démission de ses fonctions de député est un acte de corruption, alors Petr Nečas se trouve dans la même position que n’importe quelle autre personne qui se serait ainsi compromise. Et dans ce cas, il n’est couvert par aucune immunité. »En effet, ce n’est pas en sa qualité de député que Petr Nečas a offert ces postes lucratifs, mais bien en tant que Premier ministre. Pourtant, tous les juristes ne s’accordent pas sur ce point. En juillet dernier, la décision de la Cour suprême, qui ne peut faire l’objet d’aucun appel, de suspendre les poursuites à l’encontre de Petr Tluchoř, Marek Šnajdr et Ivan Fuksa, alors placés en détention provisoire, avait été froidement accueillie. Les trois ex-députés avaient pu reprendre leurs fonctions dirigeantes et réclament même douze millions de couronnes (440 000 euros) de dommages et intérêts.
Par ailleurs, les spécialistes ne sont pas plus d’accord pour déterminer si la transaction proposée par Petr Nečas et acceptée par les députés peut faire l’objet de poursuites pour corruption. On ne le pense évidemment pas du côté du Parti civique-démocrate (ODS), dont les membres dénoncent, à l’unisson de Petr Nečas, une « chasse à l’homme » politiquement motivée dont il serait la victime. Son avocat, Josef Lžičař, explique :
« Petr Nečas a le sentiment qu’il s’agit de représailles car il a déposé, il y a environ quinze jours, une plainte contre certaines personnes impliquées dans son enquête. C’est tout ce que je peux dire pour le moment. Nous souhaitons que la Cour suprême examine tout cela. »La plainte de Petr Nečas est dirigée notamment contre Robert Šlachta, le directeur de l’Unité de la police de lutte contre le crime organisé, qu’il accuse d’abus de pouvoir. Pour l’avocat de l’ex-Premier ministre, l’enquête sera longue car il va falloir réexaminer les dossiers des trois anciens députés devenus administrateurs de grandes entreprises.