Journée internationale de la mémoire de l’Holocauste : des enfants italiens racontent le sort de la claveciniste Zuzana Růžičková
A l’occasion de la Journée internationale de la mémoire de l’Holocauste et de prévention des crimes contre l’humanité, ce 27 janvier, un remarquable projet éducatif a vu le jour à Lomagna, petite commune italienne au nord de Milan. Deux années de travail intense – manuel et intellectuel – effectué par des enfants âgés de dix ans, ont débouché sur un court-métrage, une exposition, mais avant tout sur un bagage de connaissances et de savoir-faire considérables que ces enfants garderont toute leur vie. Ce projet met en scène le sort dramatique de la grande claveciniste tchèque Zuzana Růžičková.
« Notre intention était de leur faire bien comprendre que ce qui est arrivé aux enfants juifs pouvait arriver à quiconque. Et les enfants l’ont très bien compris. Par exemple, les enfants albanais ou du Kosovo, qui sont venus en Italie à cause de la crise économique et de la guerre. Ils ont très bien compris qu’il y avait un lien entre eux et les enfants de l’époque de la Deuxième Guerre mondiale. »
Après avoir étudié en détail l’histoire de l’Europe dans la première moitié du XXe siècle, les enfants ont fabriqué des marionnettes, construit des décors et préparé la mise-en-scène. Un court-métrage est né. Précisions d’Albert Bagno :« Le film s’ouvre sur madame Růžičková qui joue un concert avec un orchestre. Elle s’endort et part vers Terezín. Elle raconte ce qui lui est arrivé dès 1941, ce qu’a été pour elle ce professeur de sport. Madame Růžičková nous a dit que si elle a aussi bien appris la musique, c’est parce qu’elle a appris ce que le sport pouvait nous apporter : l’éducation, le respect, le rythme, la rigueur… Madame Růžičková est une personne très rigoureuse et elle m’a dit que c’est grâce à ça qu’elle a pu être ce qu’elle est devenue après la guerre. »
Outre le film, qui s’apprête à être présenté dans différents festivals de cinéma et de théâtre européens, une exposition sur la réalisation du court-métrage a été organisée. Albert Bagno développe :
« Les enfants ont réalisé notamment une image très belle : ils ont imaginé que les enfants morts dans les fours crématoires d’Auschwitz et d’ailleurs étaient devenus des papillons en sortant des cheminées. Et que le ciel était plein de papillons. Ce qui est très étrange, c’est que les enfants italiens sont arrivés à la même image que celle d’autres enfants dans d’autres projets dans le monde, mais ce qui l’est plus encore, c’est le fait que les enfants qui ont été déportés à Terezín ont eux aussi beaucoup raconté les papillons. »
Et pourquoi avoir intitulé ce projet ‘Signes d’espérance’ ?
« C’est tout simple. Quand on rencontre un personnage comme Fredy Hirsch et quand on voit la vie d’une petite fille devenue une grande dame de la musique, alors tous les malheurs de la vie peuvent malgré tout être analysés positivement. Et donc, ce sont des signes d’espoir. »