La France, nouvelle priorité du foot tchèque
Quand il n’y en a plus, il y en a encore… Bien que la Gambrinus Liga, le championnat national, soit entrée dans sa traditionnelle longue trêve hivernale il y a déjà deux semaines de cela, le football reste malgré tout d’actualité en République tchèque. La semaine dernière a été marquée par deux temps forts. Deux clubs tchèques seront encore en lice en coupes d’Europe au printemps prochain. Tous deux vainqueurs de leur dernier match de groupe en Ligue des champions pour le premier et en Ligue Europa pour le second, le Viktoria Plzeň et le Slovan Liberec se sont qualifiés pour les 16es de finale de la Ligue Europa. Et puis jeudi, Pavel Vrba, qui était depuis cinq ans l’entraîneur de Plzeň, a été officiellement nommé nouveau sélectionneur de l’équipe de République tchèque.
Après plusieurs mois de dures négociations en coulisses entre la fédération tchèque, l’entraîneur de Plzeň et la direction du club catégoriquement opposée à son départ, Pavel Vrba a finalement fait valoir la clause de son contrat qui lui permettait de quitter ses fonctions dans le club de Bohême de l’Ouest pour rejoindre l’équipe nationale. La décision de son arrivée à la tête de la Reprezentace avait déjà été annoncée il y a près d’un mois de cela, par le président de la fédération, Miroslav Pelta :
« Quand on a le choix, on préfère toujours choisir les meilleurs joueurs et les meilleurs entraîneurs. Les résultats obtenus avec Plzeň plaident en la faveur de Pavel Vrba. A l’échelle tchèque, ce sont des résultats tout à faits exceptionnels. Je suis vraiment très heureux d’être parvenu à le convaincre. Maintenant, il faut attendre le 5 mars prochain et le premier match contre la Norvège à Prague pour voir quel sera l’effet de ce nouveau phénomène. »En attendant ce premier match sous l’ère Vrba, l’immense majorité du petit monde du football tchèque se félicite du choix de Pavel Vrba, comme l’explique le rédacteur en chef du magazine Hattrick, Pavel Procházka :
« Je pense que Pavel Vrba s’est décidé de la sorte parce qu’il a senti que c’était une grande opportunité pour lui, un nouveau challenge dans sa carrière d’entraîneur. Le poste de sélectionneur de la Slovaquie lui avait déjà été proposé il y a deux ans de cela et le président de Plzeň avait alors refusé de le laisser partir. Mais cette fois, je pense que Pavel Vrba voulait découvrir autre chose après cinq années à Plzeň. C’est un club qui progresse, mais il a pratiquement déjà tout gagné avec Plzeň. Il a été deux fois champion de République tchèque, il a participé à deux Ligues des champions et on peut difficilement imaginer faire beaucoup mieux avec un club tchèque. Donc, si lui veut voir au niveau encore au-dessus, prendre la direction de l’équipe nationale semble logique. » Deux fois champion de République tchèque avec Plzeň en 2011 et 2013 et considéré comme un des meilleurs entraîneurs tchèques, Pavel Vrba, 50 ans, aura pour première mission de qualifier la Reprezentace pour la phase finale de l’Euro 2016. Les Tchèques n’ont plus manqué un championnat d’Europe depuis 1992 et ils entendent bien être présents au rendez-vous en France en juin 2016. Déjà absents de la prochaine Coupe du monde, ils imaginent mal rater deux grands rendez-vous en suivant. Et selon le rédacteur en chef de Hattrick, Pavel Vrba a toutes les cartes en main pour remplir l’objectif qui lui a été fixé :« Je pense qu’il va réussir. Sa mission sera quand même plus simple que celle de Michal Bílek. Seules treize équipes européennes pouvaient se qualifier pour la Coupe du monde au Brésil, tandis que vingt-quatre équipes, soit presque le double, participeront à la phase finale du championnat d’Europe en 2016. La République tchèque a donc une plus grande chance de se qualifier. »L’intéressé lui-même est plutôt confiant. Habitué au succès avec Plzeň, Pavel Vrba prend ses nouvelles fonctions avec des principes bien arrêtés auxquels il n’entend pas déroger :
« Nous devons bien faire comprendre aux joueurs que l’équipe nationale est quelque chose à part, une affaire de cœur. Sans ça, ce n’est même pas la peine de venir et de représenter notre pays. C’est ce que j’entends bien leur inculquer. Nous aurons très peu de matchs à jouer en début d’année prochaine, cela nous donne donc suffisamment de temps pour discuter de cet aspect avec les joueurs et bien définir ce que nous voulons faire ensemble. »Pour commencer, c’est d’abord avec Petr Čech et Tomáš Rosický, les deux leaders de la Reprezentace ces dernières années, que Pavel Vrba entend prendre contact. Čech et Rosický, deux joueurs clefs au comportement toujours irréprochable sur lesquels le nouveau sélectionneur continuera de s’appuyer pour le nouveau cycle 2014-2016 :
« Nous devrions nous rencontrer à Londres vers la mi-janvier. Nous prévoyons d’aller les voir jouer et de prendre contact avec leurs clubs et leurs entraîneurs. Il est important que toutes les parties s’entendent bien et y trouvent leur compte. »
Seul point d’interrogation finalement : la capacité de Pavel Vrba à s’habituer à son nouveau rôle. Entraîneur réputé intransigeant mais aussi très proche de son groupe de joueurs, Pavel Vrba pourrait avoir moins d’influence en équipe nationale. L’ancien Ballon d’or 2003 Pavel Nedvěd explique pourquoi :« Travailler dans un club à longueur d’année et préparer son équipe quotidiennement pour lui faire pratiquer un style de jeu bien précis est une chose. Voir les joueurs une fois de temps en temps pendant une dizaine de jours maximum en est une autre. Ce n’est pas du tout le même travail. Mais Pavel Vrba sait tout ça mieux que quiconque. Il a longuement réfléchi avant de se décider. De toute façon, tout le monde, les dirigeants, les joueurs, les supporters et les médias voulaient Pavel Vrba comme sélectionneur. Il n’y a pas trop d’autre choix à l’heure actuelle. »
En attendant de pouvoir se faire une première idée de ce que peut être l’apport concret de Pavel Vrba en équipe nationale, le football tchèque profitera en février prochain de la présence de deux de ses clubs en phase finale de la Ligue Europa. Troisième de son groupe en Ligue des champions après sa victoire contre le CSKA Moscou lors du dernier match, le Viktoria Plzeň, devancé par le Bayern Munich et Manchester City, a été reversé en Ligue Europa, tandis que le Slovan Liberec, vainqueur (2-1) à Estoril jeudi dernier, a terminé deuxième de sa poule derrière les Espagnols du FC Séville. En 16es de finale, selon le tirage au sort effectué ce lundi, Plzeň sera opposé aux Ukrainiens du Chakhtior Donetsk et Liberec aux Néerlandais d’Alkmaar.