Revenu de base : les reflets tchèques d’un débat européen
Les organisateurs de l’initiative citoyenne européenne en faveur du revenu de base inconditionnel ont encore un mois pour collecter à travers l’Europe plus de 800 000 signatures et parvenir ainsi à recueillir le soutien du million de citoyens européens nécessaires pour que la Commission européenne examine leur demande. 29 000 Tchèques doivent encore appuyer cette impulsion pour qu’elles soient valables. Et dans le cadre de cette mobilisation, l’École pragoise des alternatives a organisé ce lundi un débat sur l’instauration du revenu de base pour tous. Parmi les participants, Táňa Fischerová a partagé, pour Radio Prague, ses vues sur la question.
« Le revenu de base inconditionnel apporte un regard nouveau sur le travail, sur la dignité humaine et permet de libérer le potentiel créatif des gens. Pour comprendre cette idée, il est très important de nous affranchir des préjugés que nous avons acquis tout au long de nos vies. Le revenu de base est un projet libérateur pour la société qui reflète la conviction que chaque être humain a droit à un revenu de base qui lui donne la liberté de créer. »
Aux côtés des quatre autres intervenants issus de divers partis politiques tchèques et slovaque, Táňa Fischerová a répondu à l’invitation de l’Académie œcuménique de Prague (Ekumenická Akademie Praha), organisateur principal du cycle de conférences appelé « l’Ecole pragoise des alternatives ». Financé par la Fondation Rosa Luxembourg, ce projet a été lancé en 2011 et s’intéresse à des sujets comme les systèmes coopératifs, l’Etat providence ou la problématique des aides sociales.
Au débat de ce lundi, les participants ont pu vite se rendre compte que tous les intervenants s’accordent sur le principe général du revenu de base. Mais quand on arrive aux détails de cette proposition, c’est à chacun son opinion. A ce stade de la discussion, faut-il être en mesure de présenter une vision détaillée et techniquement élaborée du revenu de base ? Interrogée sur ce point, Táňa Fischerová répond :« D’une part, je pense qu’il y a des vertus à avancer pas à pas et qu’il faut bien sûr travailler les détails de ce projet. D’autre part, il me paraît plus important à l’heure actuelle d’opposer au système déficient qui n’offre pas de travail à tout le monde, une vision plus générale d’un fonctionnement alternatif de la société. Seul, le revenu de base introduit dans le système actuel ne peut résoudre les difficultés des gens vulnérables. Aujourd’hui, ceux qui travaillent combinent parfois deux ou trois boulots et arrivent à peine à subsister. L’écart entre leur situation et celle des chômeurs diminue. »
En principe, les partisans du revenu de base le considèrent comme un remède aux évolutions de l’ère moderne caractérisée par la réduction de l’offre d’emploi, comme un moyen d’accroître l’égalité entre les citoyens et d’apprécier le travail jusqu’à lors non rémunéré, comme les soins des enfants ou des personnes âgées. Si l’initiative citoyenne européenne a permis de remettre le sujet sur la table, le débat, certes limité aux cercles académiques, date déjà du début des années 2000 en République tchèque. Plusieurs partis politiques minoritaires l’ont d’ailleurs intégré dans leur programme. Néanmoins, parmi les partisans du revenu de base inconditionnel, les questions dépassent en nombre les réponses.Radio Prague vous proposera un aperçu du débat qui anime la société civile contemporaine tchèque autour de cette idée très prochainement dans la rubrique économie.