Bohuslav Sobotka sur le point de devenir Premier ministre
Deux semaines après les élections législatives anticipées, les négociations pour la formation d’un nouveau gouvernement peuvent enfin commencer. La social-démocratie (ČSSD) a fait le ménage dans ses rangs et son leader, Bohuslav Sobotka, sort renforcé d’une crise dont les initiateurs, menés par Michal Hašek, ont démissionné de leurs fonctions dirigeantes. Entre sociaux-démocrates, chrétiens-démocrates et représentants de l’Action des citoyens mécontents (ANO), est venue l’heure de parler programme et de la composition du futur cabinet gouvernemental.
Les membres « rebelles » du ČSSD ont tous démissionné de leurs fonctions dirigeantes au sein du parti, à l’exception notable de Milan Chovanec, dont la démission à été rejetée et qui intègre même l’équipe de négociations. Les « putschistes » destitués seront désormais de « simples » députés.
Les tensions ne sont sans doute pas apaisées pour autant. Il suffit d’écouter l’ancien vice-président de la social-démocratie, Michal Hašek, qui était à la tête de la fronde anti-Sobotka, pour s’en convaincre :
« Je pense que ces messieurs, Lubomír Zaorálek et Milan Chovanec, devraient adopter un comportement responsable. Nous avons clairement indiqué que nous présentions notre démission également pour assumer nos mauvais résultats électoraux. Milan Chovanec a géré la campagne électorale et Lubomír Zaorálek a écrit le programme électoral qui nous a valu 20,5% des suffrages. »Les sociaux-démocrates n’ont pris aucune décision sur la démarche à adopter si les négociations avec ANO et les chrétiens-démocrates devaient échouer, preuve de la confiance qui règne quant au succès de l’entreprise. Pourtant, entre ces trois formations très différentes, tomber d’accord sur un programme commun ne sera pas chose aisée.
Dès dimanche soir, les dirigeants de la social-démocratie ont rencontré ceux du mouvement ANO, officiellement pour évoquer le fonctionnement de la Chambre basse du Parlement et la possibilité d’y élire quatre vice-présidents. Toutefois, Andrej Babiš a déjà annoncé une de ses priorités :
« Au mouvement ANO, nous aimerions prioritairement mettre sur la table la question de la loi sur la fonction publique, ou au moins débattre avec le parti social-démocrate de ce sujet. Et nous espérons que nous pourrons l’inscrire à l’ordre du jour du prochain gouvernement le plus rapidement possible. »Il est convenu que la social-démocratie envoie une proposition de programme à ANO et que celui-ci en étudie les modalités. Bohuslav Sobotka a rappelé certains des engagements de son parti. Il souhaite notamment revoir les frais de consultation chez le médecin, réduire le taux de TVA appliqué sur les livres et les médicaments et réformer le système fiscal pour que les impôts soient plus progressifs. Sur ce dernier point, chrétiens-démocrates et ANO ont annoncé qu’ils refuseraient toute hausse des prélèvements obligatoires. Une autre thématique chère aux sociaux-démocrates risque de rencontrer l’opposition de leurs possibles partenaires. Bohuslav Sobotka :
« Je veux mentionner un thème que nous avons évoqué de façon détaillée et sur lequel nous pouvons rapidement avancer. Il s’agit de la restitution des biens aux Eglises. Nous pensons que nous devrions tous ensemble en discuter pour formuler des propositions concrètes afin de revoir cette loi telle qu’elle a été conçue. »
En tant que chef du parti vainqueur des élections, Bohuslav Sobotka doit rencontrer mercredi le président de la République, Miloš Zeman, avec lequel il entretient de piteuses relations. Le gouvernement ne devrait pas être formé d’ici-là, mais, déjà, des noms circulent.
Ainsi, le quotidien Lidové noviny voit bien l’acteur Martin Stropnický (ANO) à la Culture, Lubomír Zaorálek (ČSSD) aux Affaires étrangères ou encore l’économiste Aleš Michl aux Finances, dans le cas où Andrej Babiš rencontrerait des difficultés à obtenir une attestation de lustration prouvant qu’il n’a pas collaboré avec les services secrets communistes.