Le premier Prix Václav Havel décerné au dissident biélorusse Ales Bialiatski
Cinq mois après sa présentation officielle à Prague, le premier Prix des droits de l’homme Václav Havel a été attribué par le Conseil de l’Europe lundi à Strasbourg. Et pour cette première c’est l'activiste politique biélorusse Ales Bialiatski qui a été mis à l’honneur. Opposant au régime autoritaire dans son pays, Ales Bialiatski est devenu un habitué de ce type de récompenses.
C’est en ces termes que le président français de l’Assemblée parlementaire du Conseil de l’Europe, Jean-Claude Mignon, a présenté le premier lauréat du Prix Václav Havel. Arrêté en 2011, Ales Bialiatski, dont l’action politique gène le dictateur Alexandre Loukachenko, purge actuellement une peine de quatre ans et demi de prison pour de prétendues fraudes fiscales. Sa condamnation a été unanimement critiquée par les organisations de défense des droits de l’homme. Ales Bialiatski détenu dans les geôles biélorusses sans que les autorités européennes ne puissent intervenir en sa faveur, c'est donc son épouse qui a fait le déplacement à Strasbourg pour recevoir le prix d’une valeur de 60 000 euros. Et c’est d’abord à elle que Jean-Claude Mignon s’est adressé :
« Dans son combat quotidien contre la violation des droits humains, contre l’injustice, l’arbitraire, le totalitarisme, votre époux a œuvré sans relâche pour que les citoyens du Belarus puissent un jour prétendre aux standards européens qui sont les nôtres. Notre assemblée a le devoir de soutenir les efforts de tous ceux qui au Belarus, et au-delà dans d’autres Etats européens et partout dans le monde, mènent des actions en faveur des valeurs universelles de la démocratie, des droits de l’homme et de l’Etat de droit. Le Prix des droits de l’homme Václav Havel porte un message politique fort qui va dans ce sens. »Nommé pour le prix Nobel de la paix en 2012, lauréat des prix Lech Walesa et Petra Kelly de la fondation Heinrich Böll, Ales Bialiatski voit ses efforts dans la lutte pour la démocratie et la promotion des droits de l’homme dans son pays régulièrement mis en avant dans le monde. En 2005, lui et l’association Viasna qu’il préside à Minsk s’étaient déjà vu attribuer un prix décerné par l’ONG humanitaire tchèque People in Need. Et si cette fois, c’est le Prix Václav Havel qu’il a reçu, c’est parce que l’action du dissident biélorusse ressemble en bien des points à celle de celui qui est devenu le président d’une Tchécoslovaquie libérée du joug communiste, comme le rappelait Jean-Claude Mignon :
« Václav Havel a de tout temps défendu l’existence d’une Europe sans blocs, sans clivages et la cause d’une communauté des Etats démocratiques respectueuse des droits et des libertés fondamentales de tous les Européens. Force est de constater que ce projet, malheureusement, est bien loin d’être achevé. »Au Belarus plus encore qu’ailleurs en Europe, le projet démocratique est bien mal en point. L’attribution du prix Václav Havel à Ales Bialiatski, dont le sort ne s’améliore pas, est une façon de le rappeler si cela était nécessaire.