Prague veut moins d’alcool dans ses rues
Après le scandale sanitaire de l’alcool frelaté, qui a causé la mort par intoxication de près de cinquante personnes ces douze derniers mois, deux nouvelles initiatives visant à lutter plus efficacement contre l’alcoolisme suscitent l’intérêt des médias ces derniers jours. La première est l’arrêt relatif au durcissement des mesures législatives limitant la consommation des boissons alcoolisées dans les lieux publics. Quant à la seconde, elle a pour but de réduire le risque d’alcoolisme chez les Tchèques, grâce à une méthode que souhaite introduire le ministère de la Santé. Avec plus de 500 000 alcooliques chroniques, les Tchèques figurent depuis longtemps parmi les champions européens en terme de consommation d’alcool.
C’est précisément cet aspect qui est vivement critiqué, une grande partie des personnes concernées étant des sans-abri, qui n’auront donc pas de quoi payer l’amende. Porte-parole de la police municipale de Brno, Jakub Ghanem admet comprendre cette objection :
« C’est bien sur une question importante, néanmoins cet arrêt nous permet d’employer une série d’autres moyens. A partir du moment où nous pouvons accuser une personne d’une infraction, il nous est ensuite permis de l’expulser de l’endroit en question. Cette méthode est très efficace. De plus, les agents de la police municipale savent dans la majorité des cas à quels ‘clients’ ils ont affaire. Pour la plupart d’entre eux, ils sont donc en mesure de les raisonner sans avoir à les sanctionner outre mesure. »
Parallèlement, le ministère de la Santé, avec le soutien financier de l’Organisation mondiale de la santé et du Fonds social européen, lance un projet de prévention, déjà en place dans de nombreux pays. Ce projet a pour but de détecter le premier stade d’alcoolisme chez les patients. Les médecins traitants sont à présent invités à soumettre leurs patients qu’ils soupçonnent d’avoir une consommation à risque à une méthode appelée « SBI ». Ce sigle anglais qui signifie « dépistage et intervention brève », est utilisé pour une méthode qui consiste en un questionnaire et un petit entretien. Le cas échéant, le buveur sera envoyé chez un spécialiste addictologue, comme il est aujourd’hui envoyé chez un podologue s’il a mal au pied.La méthode présente également une grille représentant le volume acceptable de consommation : deux pintes de bière par jour, soit deux shoots d’alcool fort pour les hommes, la moitié environ pour les femmes et les personnes âgées. Le projet est cependant critiqué et jugé par avance inefficace par certains spécialistes, notamment parce qu’un alcoolique par définition ne reconnaît pas son état et a tendance à mentir.