République tchèque : une démographie en déclin
Alors qu’il y a aujourd’hui environ 10,54 millions d’habitants en République tchèque, cette population pourrait tomber à 7,5 millions en 2101. Et un tiers d’entre elle aura alors plus de 65 ans. Ce sont en tous cas les prévisions de l’Office tchèque des statistiques dévoilées mardi à l’occasion d’une conférence de presse. Un bouleversement démographique auquel la société tchèque va devoir faire face.
« Ce chiffre dit que selon les perspectives actuelles, nous pourrions être de 20 à 30% moins nombreux d’ici 90 ans, c’est-à-dire entre 7 et 8 millions. D’après moi, cette enquête a quelques aspects positifs et notamment l’extrême augmentation de l’espérance de vie et donc de la qualité de vie. Il faut s’imaginer qu’actuellement, en République tchèque, l’espérance de vie est de 75 ans pour les hommes et de 80 ans pour les femmes. Elle sera vers la fin de ce siècle de 91 ans pour les femmes et de 85 ans pour les hommes. »
Selon cette étude, la population tchèque devrait augmenter jusqu’en 2018 puis ne plus cesser de décliner. Pour l’instant, seule l’immigration permet à la République tchèque de connaître une croissance démographique légèrement positive mais à l’avenir elle ne devrait plus s’avérer suffisante. Pour Ivan Gabal, il faut mettre en place des politiques natalistes ambitieuses visant à inciter les Tchèques à faire des enfants, la période de transition vers l’économie de marché ayant vu une baisse phénoménale du taux de fécondité.Ivan Gabal souligne par ailleurs qu’il fait totalement confiance aux méthodes utilisées par l’Office tchèque des statistiques. Terezie Štyglerová, qui y dirige la section consacrée aux statistiques démographiques, rappelle qu’il faut toutefois relativiser des chiffres qui, pertinents en 2013 afin de définir des politiques publiques, ne le seront certainement pas dans un siècle :
« Plus on s’intéresse à un horizon lointain, plus la fiabilité de l’enquête diminue évidemment. Il convient également de réaliser que ce projet reflète l’état des connaissances au moment où il est réalisé et est donc valable à cette époque. Pour prendre en compte cette baisse de fiabilité, plusieurs scénarios sont envisagés. »
Toutefois, c’est la variante la moins optimiste en termes de croissance démographique qui pourrait être la plus proche de la réalité si l’on en croit Terezie Štyglerová, mais aussi la démographe Jitka Rychtaříková. Celle-ci remarque ainsi que la projection médiane table sur un taux de fécondité de 1,56 enfant par femme, or ce taux s’est établi à 1,45 en 2012.Autre enseignement de cette enquête : le vieillissement accéléré de la population. En 2050, les centenaires seront déjà plus de 15 000 et pourront donc remplir un stade de taille modeste. En 2101, les personnes âgées de plus de 65 ans constitueront le tiers de la population totale ; un bouleversement de la pyramide des âges qui aura d’importantes conséquences sur la population active et sur les retraites. Jitka Rychtaříková précise :
« Alors qu’on arrête pas de débattre sur le thème des séniors. Combien seront-ils ? Comment vivront-ils ? Et bien ce projet montre que leur nombre va augmenter jusqu’en 2060, et il diminuera par la suite. Cela signifie que les séniors, actuellement 1,7 million, seront 3,2 millions en 2060 et ce chiffre diminuera ensuite pour atteindre environ 2,5 millions. Cette baisse s’explique par le fait qu’il n’y aura alors plus de fortes classes d’âge. »
Pour Jitka Rychtaříková, même une immigration massive n’y changerait pas grand-chose. Comme Ivan Gabal, elle recommande une politique nataliste, non pas pour que la population augmente, mais au moins pour rééquilibrer une pyramide des âges qui rendra impossible un modèle de retraite tel qu’il peut aujourd’hui exister. Dans le même temps, la population mondiale ne cesse de croître et selon les prévisions moyennes de l’ONU, elle pourrait atteindre 9,6 milliards d’individus en 2050. La question de la surpopulation de la planète se posera alors avec bien plus d’intensité.