La mairie de Prague veut chasser les sans-abri des transports publics
La municipalité de Prague a annoncé, jeudi, que les sans-abri ne seront plus les bienvenus dans les transports en commun. Un groupe de travail va être formé pour empêcher la présence de ces indésirables SDF notamment dans les bus et tramways de la ville. Le maire de Prague, Tomáš Hudeček, veut ainsi éradiquer ce qu’il considère comme un « phénomène social pathologique ». Une mesure, populiste selon ses critiques, qui pose toutefois la question du respect des droits des sans-abri.
Le groupe de travail sera chargé de proposer des mesures combinant incitation et répression en vue de diminuer le nombre de sans-abri dans les transports et de les inviter à améliorer leur hygiène personnelle. La première précaution sera d’intensifier la présence de la police dans les bus, les tramways et le métro dès l’hiver prochain, saison pendant laquelle les SDF souffrent naturellement le plus. Cependant, cette proposition fait l’objet de nombreuses critiques en provenance des associations de protection des sans-abri. Directeur du centre des services sociaux de l’Armée du salut, Miloslav Pípal pense que la meilleure idée pour le bien-être général serait l’accroissement du nombre de centres d’hébergement d’urgence :
« A ce jour, je pense que nous ne pouvons pas dire exactement le nombre de centres d’hébergement nécessaires, s’il en faut cinq ou dix, mais nous devons en avoir plus, c’est certain. A l’heure actuelle, il n’y en a que trois, ce qui est très insuffisant. »Sans plan rapide concernant le logement d’urgence avant l’hiver prochain, la future période de froid s’annonce délicate pour la majorité des SDF pragois. L’un d’entre eux constate avec amertume le projet de la municipalité :
« En hiver, il y aura un problème de toute façon, car les installations pour accueillir et aider les sans-logis sont insuffisantes. C’est pourquoi ils vont dans les tramways et les bus, au moins ils peuvent se réchauffer et dormir un peu. »
Autre point d’interrogation, le caractère discriminatoire de ce projet qui remet en cause la possibilité pour les sans-abri d’accéder à l’espace public des transports. Sa mise en œuvre semble d’autant plus délicate si les critères d’expulsion peuvent être ceux de la mauvaise odeur ou de la malpropreté. Une femme usagère du métro ironise sur ce point :« Je pense que même les hommes ‘normaux’ et beaux ne sentent pas toujours bon. »
Le maire de Prague a indiqué que la baisse de 20 à 30 % du nombre de sans-abri dans les transports collectifs l’hiver prochain serait « un grand succès ». Une volonté qui cache une réalité bien plus aigre. Les personnes sans domicile fixe étaient 4 000 à Prague en 2012. Ce nombre pourrait augmenter jusqu’à 6 000 d’ici à la fin de l’année.