Une nouvelle législation en préparation pour prévenir les inondations
Après plus d’une semaine de crues, les rivières de République tchèque retrouvent progressivement leur cours normal. Alors que la liquidation des dommages va encore durer quelques temps, le débat s’est engagé sur la scène politique afin d’envisager une nouvelle législation pour prévenir les inondations.
De façon prévisible, un débat a parallèlement été lancé sur les moyens à mettre en œuvre pour mieux prévenir les inondations. Les mesures prises suite aux crues historiques de 2002 se sont en effet avérées en partie inefficaces face à la montée du niveau de la Vltava et de l’Elbe au début de ce mois de juin. En ce sens, le ministre de l’Agriculture, Petr Bendl, a adopté une position assez ferme pour tenter de limiter au maximum les dégâts liés à la répétition des inondations. Petr Bendl annonce :
« Nous devons créer un plan territorial et empêcher la construction de nouvelles habitations ainsi que la rénovation des résidences familiales dans les zones inondables. »Le ministre ajoute qu’il ne s’oppose pas à une loi qui rendrait possible l’expropriation des terres pour permettre la construction de digues de protection.
Cette idée devrait être une des principales mesures portées par son ministère. Elle affecterait toutes les communes qui n’ont pas mis de frein à la reconstruction dans des zones pourtant gravement touchées par les inondations de 2002. Pourtant, l’Etat avait déja annoncé après les inondations en Bohême de l’Est lors de l’été 2010, qu’il ne débourserait pas un seul centime pour la reconstruction des résidences qui avaient été une nouvelle fois affectées par la montée des eaux. Mais les paroles n’avaient pas été suivies par les actes.
L’opposition a donc accueilli plutôt favorablement ces propositions, d’autant que cette législation pourrait être une condition permettant à la République tchèque d’obtenir une subvention substantielle du Fonds européen de solidarité. L’Union européenne pourrait en partie conditionner le montant de son aide aux réponses apportées par les autorités tchèques afin d’anticiper d’éventuelles inondations. Certains leaders politiques ont toutefois exprimé quelques légères discordances, à l’image de l’ancien premier ministre social-démocrate et leader du parti LEV-21, Jiří Paroubek :« Il serait bon de créer une sorte de fonds d’Etat afin d’acheter des terres pour que les personnes touchées par les inondations puissent construire ailleurs de nouvelles maisons. »
La mise en œuvre de ce plan d’action sera sans doute plus sujette à controverses. En effet, le ministre de l’Agriculture du cabinet fantôme de la social-démocratie, Michal Hašek a précisé que des mesures claires devaient être présentées pour éviter tout phénomène de spéculations sur les habitations et les terres. Dans l’immobilier, les investisseurs pourraient également s’opposer à la future législation, eux pour qui les constructions près d’étendues d’eau sont souvent plus attractives. La préservation du patrimoine architectural semble aussi une question importante à résoudre. A Český Krumlov par exemple, dans le sud de la Bohême, on a privilégié la préservation de ponts baroques à l’élévation de digues anti-inondations. Ces systèmes de protection ne sont de toute façon pas suffisants. Directeur du château de Český Krumlov, Pavel Slavko souligne :« Si nous créons un faux sentiment de sécurité qui nous fait croire que nous pouvons nous asseoir à une table et siroter du vin tout en regardant le flux de l’eau derrière les digues en béton, il y a une tendance très dangereuse. »
Il ne faudrait donc pas qu’un sentiment illusoire de maîtrise des éléments de la nature s’installe. Les différentes crues d’importance survenues ces vingt dernières années rappellent aux Tchèques que l’eau s’apprivoise très difficilement.