Hockey : les Tchèques à quitte ou double
Malgré les résultats et les performances pour le moins très moyens de leur équipe nationale cette année, le championnat du monde de hockey sur glace, qui se tient cette année en Suède et en Finlande, passionne toujours autant les Tchèques. Mais l’intérêt pourrait aussi vite tomber si la Reprezentace ne bat la Norvège mardi et ne se qualifie pas pour les quarts de finale pour la première fois de son histoire.
Mais on n’en est pas encore là : malgré un faible bilan de seulement huit points en six rencontres, avec notamment trois défaites concédées, les Tchèques restent encore maîtres de leur sort. Même après prolongation ou aux tirs au but, une victoire contre la Norvège leur garantirait de se qualifier. Mais avant ce match-clef contre les Scandinaves, ils ont senti passer le vent du boulet dimanche. En titrant « Merci la Suisse ! » en une de leurs éditions de ce lundi, les journaux pragois ne se sont d’ailleurs pas trompés. Si la Česká Reprezentace conserve encore une chance de qualification, elle le doit, bien plus qu’à ses performances sur la glace, d’abord et avant tout à la Suisse. Premiers du groupe, les Helvètes ont en effet battu la Norvège (3-1) dimanche soir, une victoire qui faisait suite à la défaite (1-2) concédée un peu plus tôt par la République tchèque contre le Canada. Or, un succès de la Norvège aurait qualifié celle-ci à coup sûr et par conséquent éliminé les Tchèques. Comme le défenseur Ladislav Šmíd, tous étaient donc devenus supporters de la Suisse à la sortie de leur nouveau revers contre le Canada, bien conscients que leur sort ne dépendait désormais plus d’eux :
« Je vais sûrement m’acheter le maillot suisse. Je ne sais pas où nous allons suivre le match, mais nous serons tous derrière la Suisse. Personne ne veut rentrer à la maison avant les quarts de finale. Ce serait une honte terrible pour nous tous joueurs. Je ne sais même pas si nous pourrions revenir à Prague. Mais j’espère que la Suisse va gagner, que nous battrons ensuite la Norvège à notre tour et que nous irons en quarts de finale. »Les Suisses ayant fait leur part de travail, reste donc désormais aux Tchèques à les imiter mardi et à battre la Norvège avant, dans ce cas de figure, de retrouver probablement… la Suisse en quarts de finale. Et même si le niveau de jeu affiché depuis le début du Mondial est franchement décevant, les Tchèques ont une chance certaine de remplir leur mission s’ils abordent la Norvège avec le même état d’esprit que contre le Canada dimanche. Car malgré la courte défaite d’un but, de nombreux signes encourageants ont enfin été entrevus, ce dont, bien que très déçu par le résultat, se félicitait d’une certaine manière Ladislav Šmíd :
« C’est une grosse déception. Dommage que nous n’ayons pas joué comme ça depuis le début du tournoi. Nous ne serions pas là où nous en sommes. Aujourd’hui, c’était le jour et la nuit par rapport à nos matchs précédents. Visiblement, tout le monde a pris conscience de la gravité de notre situation et nous avons pris ce match contre le Canada par le bon bout. Nous avons tout donné sur la glace, nous nous sommes battus sans trop respecter les Canadiens, et je pense que nous les avons bien ‘bougés’ à certains moments. Nous avons eu les occasions pour marquer plus de buts, mais encore une fois, ce manque de productivité nous a coûté cher. Je pense même que nous avons fait mieux que jeu égal avec les Canadiens. C’est vraiment dommage de ne pas avoir pris au moins un point qui nous aurait permis de ne pas être dépendants du résultat de la Norvège. » C’est une évidence : la performance d’ensemble contre le Canada conjuguée à la défaite de la Norvège a relancé des Tchèques jusqu’alors plongés dans le doute le plus complet, comme en convenait le gardien Ondřej Pavelec :« Je ne sais pas ce qu’il faudrait de plus pour nous botter que notre comportement contre les Canadiens. On a enfin joué en équipe et comme une équipe qui a envie de se battre sur chaque palet. Bon d’accord, on a perdu de justesse, mais nous avons produit du jeu et avons eu les occasions de marquer et de gagner. Je pense que c’est une bonne chose pour la suite du tournoi et d’abord bien sûr pour ce match décisif contre la Norvège. Sauf que cette fois il faudra gagner ! »
Un affrontement couperet pour lequel les Tchèques seront par ailleurs renforcés par deux de leurs meilleurs joueurs actuels. Bien qu’en attente d’un nouveau contrat en NHL, le défenseur des Devils de New Jersey Marek Židlický a finalement décidé de rejoindre l’équipe, imité en cela par l’attaquant Tomáš Plekanec, éliminé en fin de semaine dernière avec Montréal de la course à la Coupe Stanley dès le 1er tour des play-offs. Deux renforts assurément de poids qui portent désormais à douze le nombre de joueurs estampillés NHL figurant dans l’effectif tchèque pour ce Mondial. Surtout, un apport de talent qui ne sera assurément pas de trop si la Reprezentace, sacrée championne du monde en 2010 et médaillée de bronze ces deux dernières années, veut encore lutter pour une nouvelle place sur le podium le week-end prochain. Mais avant éventuellement d’envisager une telle perspective, on l’a dit, il faudra d’abord battre la Norvège ce mardi. Et si l’on s’en tient à ce que l’on a vu jusqu’à présent, ce n’est certainement pas encore fait.