« Becquetez Zrní, ils ont le goût de l’opium »

Photo: Supraphon

Alors, on ne connaît pas le goût de l’opium, mais cela ne nous empêche pas d’affirmer, comme l’a fait la critique, que c’est assurément un des meilleurs albums tchèques de l’année 2012 que nous vous proposons de becqueter dans ce nouveau Dimanche musical. « Soundtrack ke konci světa » - « Soundtrack pour la fin du monde » : c’est le titre de l’album récemment sorti par le groupe Zrní (Les Grains, en français). Une graine de rock, une graine de folk, une graine d’électro, mais surtout, et parce que parfois peu importe vraiment les styles, les genres et les tendances, deux bonnes graines de poésie et d’énergie… C’est tout cela que l’on retrouve dans les chansons de ce groupe longtemps confiné à Kladno et à ses environs mais que découvre depuis peu le reste du pays…

Zrní,  photo: Archives de Radio Prague
Mais plus qu’à une graine de ce pavot que les Tchèques apprécient tant dans leurs pâtisseries, c’est, paraît-il, à une graine de moutarde que Zrní peut être comparé. Après avoir planté une petite graine de folk il y a une dizaine d’années de cela, ce groupe de cinq copains de Kladno longtemps resté dans l’ombre des cheminées des usines de leur ville natale a grandi pour ombrager désormais à son tour le reste de la scène musicale tchèque (enfin, tout est relatif, hein), un peu comme les plants de moutarde qui montent vite et limitent l’invasion des mauvaises herbes… Peut-être bien que oui, mais peut-être bien que non finalement, car si la moutarde, c’est bien connu, monte au nez, la musique de Zrní aurait plutôt tendance à monter à la tête comme l’opium et comme avec la chanson « Hýkal »…

Pendant un certain temps, le chanteur Jan Unger a travaillé comme jardinier, tandis que l’un des guitaristes du groupe a lui suivi un apprentissage de garde-chasse tout en fréquentant le conservatoire, comme le violoncelliste. D’où peut-être le nom du groupe et probablement cet amour pour l’élément naturel qui ressort de certaines de leurs chansons.

Photo: Supraphon
Il y a encore seulement quelques mois de cela, Zrní n’était donc qu’un groupe régional recommandé par Radůza, l’authentique et sincère « fille à l’accordéon » qui n’hésite jamais à chanter haut et fort qui elle aime et qui avait travaillé en 2011 avec ce même groupe sur son deuxième album intitulé « Hrdina počítačový hry jde do světa ». Et puis donc l’explosion en quelques semaines avec « Soundtrack ke konci světa »… Et tant pis pour l’absence d’esprit critique, comme Radůza, on aime franchement… On se quitte avec une chanson qui ne figure pas sur l’album : « Mejsó » interprétée avec une certaine Markéta Irglová…