Vingt ans après la disparition de la Tchécoslovaquie, une nouvelle idylle entre Tchèques et Slovaques
Le premier janvier 1993, la carte de l’Europe subissait une petite retouche avec l’ajout d’une frontière de 215 kilomètres de long. La République tchèque et la Slovaquie naissaient alors sur les cendres de la défunte Tchécoslovaquie. Vingt ans après ce « divorce de velours », comme a été surnommée cette partition pacifique, les Premiers ministres tchèque et slovaque, Petr Nečas et Robert Fico, se sont rencontrés le jour de l’An à Brno pour afficher l’entente idyllique entre deux pays indépendants qui souhaitent désormais renforcer leur coopération.
« Je suis certain que cette décision était la bonne et c’est ce que confirme, vingt ans plus tard, le très bon développement des deux pays, la très bonne évolution de leurs relations. Je pense que personne aujourd’hui n’appellerait plus à la formation d’un nouvel Etat commun. »
La rencontre entre les deux formations gouvernementales en octobre dernier a illustré la teneur presque exceptionnelle des relations entre deux voisins qui partagent des langues très similaires et presque un siècle d’histoire au sein d’un pays commun. Tchèques et Slovaques devraient rapprocher leurs armées d’ici trois à quatre ans et entendent également collaborer dans le domaine de l’énergie, plus spécifiquement du nucléaire. Même les divergences politiques entre les gouvernements des deux pays ne semblent pas être un obstacle à leur bonne entente. Petr Nečas :
« Même aujourd’hui, je crois que nous pouvons tous les deux nous réjouir de la qualité de nos relations, alors même qu’il y a un gouvernement de gauche en Slovaquie et un gouvernement de droite en République tchèque. Il ne s’agit pas seulement de bonnes relations diplomatiques ; je pense aussi à la collaboration dans le cadre de l’OTAN et surtout dans celui de l’Union européenne. »
Au niveau économique, les deux pays sont engagés dans des politiques d’austérité visant à réduire les dépenses publiques. Pourtant, les deux chefs de gouvernement semblent appréhender différemment l’année 2013. Petr Nečas s’est en effet montré optimiste, et ce bien que la République tchèque ait connu la récession toute l’année dernière. Son homologue slovaque s’est quant à lui montré plus prudent. Robert Fico :« Nous sommes relativement pessimistes quant à l’évolution des choses sur le plan économique pour la première moitié de 2013. En revanche, nous pensons qu’il y aura des signes d’amélioration au second semestre. »
Après la partition, la République tchèque disposait d’un PIB par habitant plus important que la Slovaquie, un écart qui s’amenuise continuellement. Ainsi en 2004, le PIB moyen par habitant en République tchèque correspondait à 71% de cette même donnée pour les pays de la zone euro, tandis qu’en Slovaquie ce chiffre atteignait seulement 52%. En 2012, ce PIB moyen par habitant est respectivement de 73 et 69% de la moyenne des douze pays disposant de la monnaie unique européenne.
Pourtant, beaucoup regrettent encore l’Etat commun tchécoslovaque et dénoncent le fait que sa partition se soit faite sans référendum, sans consulter des peuples qui semblaient très partagés en 1992. Pour certains, la dissolution de la Tchécoslovaquie est même un souvenir douloureux. C’est le cas pour l’historien slovaque Vojtěch Čelko, qui vit à Prague depuis les années 1960.
« Cela a été très déplaisant. Je suis loyal vis-à-vis de la République tchèque mais également de la Slovaquie : je dispose des deux citoyennetés. Mais à l’époque, je n’ai pas eu d’autre choix que d’accepter la nationalité tchèque bien que je n’avais jamais réfléchi à la possibilité d’une partition de la Tchécoslovaquie et qu’on ne m’a jamais demandé mon avis. Et tout à coup, du jour au lendemain, je me suis trouvé être un étranger. »Dans un sondage réalisé dernièrement par l’agence STEM auprès de 1 074 personnes, 37% des sondés considèrent que la partition de la Tchécoslovaquie a été une bonne décision, 36% une mauvaise décision et 27% répondent par un laconique « Je ne sais pas ».