Le Requiem de Dvořák pour rendre hommage à Václav Havel à Paris
Un hommage musical a été rendu à l'ancien président et ancien dissident Václav Havel, décédé il y a un an, à l’église de la Trinité à Paris le 8 décembre dernier. Le concert, qui était organisé sous le patronage de la fondation VIZE de Dagmar Havlová et de l’Ambassade de la République Tchèque à Paris, a été dirigé par Hugues Reiner. Il en a dit plus à Radio Prague avant le début du concert.
Et comment est née l’idée de faire un concert en hommage à Václav Havel ?
« Parce que son héritage est universel, parce que nous y parlons des droits de l’homme et donc c’est universel, ça concerne tout le monde, tous les habitants de cette petite planète. »
Qui était Václav Havel pour vous?
« Vous savez, moi je suis un fils d’écrivain et donc pour moi, c’est un personnage très ressemblant de Victor Hugo, on retrouve au fond l’incarnation de ces personnes qui ne souhaitent pas se cantonner à une carrière. Václav Havel aurait pu continuer à faire des pièces de théâtre, il aurait été même presque apprécié de tous parce que comme c’était un peu surréaliste comme Chostakovitch, on aurait pu imaginer qu’il pouvait s’accommoder du régime mais pour lui les morts du printemps de Prague signifiaient quelque chose, pour lui, les droits de l’homme signifiaient quelque chose, pour lui être un artiste signifiait quelque chose. Et c’est cette signification comme artiste qui m’intéresse, il m’interpelle comme un artiste, un artiste qui n’est pas dans sa tour d’ivoire mais un artiste qui pense avant toute chose aux autres, et aux plus humbles. »Selon vous Victor Hugo pourrait être un parallèle français de Václav Havel ?
« Oui, il y a un profil assez semblable, c’est-à-dire au fond un intérêt pour les choses de l’Etat et ne pas se défiler d’une manière lâche. »
Pourquoi avez-vous choisi le Requiem de Dvořák et qu´est-ce que signifie pour vous la musique tchèque ?
« D’abord j’aime beaucoup la musique de Dvořák, j’aime beaucoup également la musique de Gustav Mahler et j’aime beaucoup la musique de cette partie de l’Europe parce qu’elle prend sa source dans le cœur de l’âme des peuples, qu’elle est à la fois d’une véritable authenticité, d’une grande chaleur humaine et d’une grande ambition spirituelle, c’est ça qui m’intéresse dans cette musique. Moi, je vois des jeunes qui sont à Sciences Po qui sont en train de faire le concert de Requiem de Dvořák ce soir. Ils sont fous, fous, fous de joie et d’amour. C’est fun, c’est moderne, c’est incroyable, ça exagère, c’est révolutionnaire, c’est quoi ? C’est la musique de Dvořák ! »Ce soir, on va entendre les chansons de trois femmes handicapées qui sont venues avec le directeur de la Maison de la famille Sainte à Prague, Tomáš Bíňovec. Vous travaillez aussi avec les chanteurs handicapés, qu’est-ce qui est à la source de ce projet? Qu’est-ce que ça veut dire le handicap pour vous ?
« Oui, les personnes en situation de handicap peuvent nous apporter énormément. J’ai un frère qui est en situation de handicap, qui est schizophrène et il a changé ma façon de percevoir mon métier de chef d’orchestre, c’est-à-dire je suis obligé d’être un chef d’orchestre qui n’oublie personne et qui intègre, qui a inclus les personnes en situation d’handicap dans ses concerts. C’est pour retrouver mon frère, pour ne pas l’abandonner. »