Présidentielle 2013 - Karel Schwarzenberg : remettre à flots le « bateau tchèque »
Radio Prague poursuit sa série de portraits des huit candidats, à ce jour officiels, à la prochaine élection présidentielle en République tchèque. Organisée pour la première fois au suffrage universel direct, son premier tour aura lieu les 11 et 12 janvier 2013. Afin de respecter les règles d’équilibre de représentation des candidats dans les médias, l’ordre de diffusion de ces portraits est aléatoire suite au tirage au sort que nous avons effectué au sein de la rédaction. C’est aujourd’hui le prince-candidat, actuel ministre des Affaires étrangères, président du parti TOP 09, Karel Schwarzenberg que nous vous présentons.
Karel Schwarzenberg, 75 ans, est dans une certaine mesure un homme venu d’un autre temps. A l’heure où ce sont les businessmen et les traders qui font tourner le monde, Karel Schwarzenberg, issu d’une longue lignée d’aristocrates du sud de la Bohême, est encore de cette génération qui a connu les grands bouleversements du siècle dernier. D’ailleurs, ce n’est pas un hasard si ses premiers mots de candidat ont été les suivants :
« Quand on est plus âgé, qu’on est né sous la Première République tchécoslovaque, qu’on a grandi dans l’ombre de Tomáš Garrigue Masaryk, on se rend compte de la signification et du poids de la fonction présidentielle, ainsi que des responsabilités qu’elle suppose. »
Référence au premier président tchécoslovaque, mais aussi, à Václav Havel, l’ancien dissident et premier président de la Tchécoslovaquie libre après la révolution de velours, dont Karel Schwarzenberg fut le chancelier. Autant de personnalités importantes de l’histoire tchèque dont Karel Schwarzenberg se veut être le continuateur.
S’inscrivant en faux face au président sortant Václav Klaus, sans jamais l’attaquer personnellement, Karel Schwarzenberg rappelle à qui veut l’entendre que son ambition est de redonner à la République tchèque le respect dont elle jouissait au début des années 1990, un respect largement entaché par l’atmosphère politique de ces dernières années. Il entend pour cela tirer profit de son expérience diplomatique de longue date :
« J’ai réalisé il y a quelques années que nous étions capables de faire tomber le gouvernement alors que nous étions en plein dans la présidence tchèque de l’Union européenne, et donc de nous ridiculiser. De même, nos nombreuses affaires de corruption sont connues hors de nos frontières. Tout cela ne nous a pas fait de bien. Pas plus que certains de nos hommes politiques qui ont suscité, disons, l’étonnement en Europe et dans le monde. Comment faire pour retrouver le respect ? Je dois à nouveau citer Václav Havel grâce auquel nous bénéficiions d’un grand respect, voire d’admiration, au début des années 1990 : c’est par notre comportement. »
Né en 1937, sa famille a émigré en 1948 en Autriche, où il a étudié le droit et la sylviculture. S’il parle plusieurs langues, un défaut d’élocution qui semble toutefois moins flagrant ces derniers temps suscite souvent quelques blagues, de même qu’une fâcheuse tendance à s’endormir lors de certaines sessions parlementaires.
Ancien soutien des dissidents, il a fondé dans les années 1980 dans son château bavarois de Scheinfeld un Centre de la documentation tchécoslovaque et a été un défenseur important des droits de l’homme à cette époque dont date aussi son amitié avec Václav Havel. Européen convaincu, il n’en est pas moins également un atlantiste qui a bataillé il y a quelques années pour le projet désormais abandonné de l’implantation d’un radar américain sur le sol tchèque.
Peu avare de petites phrases, Karel Schwarzenberg prétend selon ses propres termes remettre à flots le « bateau tchèque », une image à laquelle il avait déjà eu recours il y a deux ans, lors d’une campagne électorale où il se présentait en amiral. Aujourd’hui, il file la métaphore militaire et affirme dans son slogan électoral qu’il se « met au service » de la patrie.