Débat sur la hausse de la TVA : la coalition gouvernementale en danger
La journée de débat a été longue et agitée, mardi, à la Chambre des représentants où les députés devaient se prononcer sur l’adoption de deux textes controversés, l’un de « stabilisation financière », incluant une hausse de la TVA et l’autre sur la restitution des biens aux Eglises. Et la coalition gouvernementale semble mise en danger alors que quelques députés du parti ODS, principale formation de cette coalition, refusent de voter en faveur du paquet fiscal.
Très vite mardi, les discussions se tendent. Il apparaît que six députés du parti civil-démocrate ODS, principale formation de la coalition gouvernementale, ne veulent pas voter un texte que le président de la République lui-même, Václav Klaus, pourtant de droite, appelle à rejeter. Le premier ministre a pourtant convoqué les députés de son parti mardi matin, leur précisant que si le texte n’était pas adopté, le gouvernement le soumettrait à nouveau à la Chambre basse, en y joignant un vote de confiance. Miroslav Kalousek, ministre des Finances et vice-président du parti conservateur TOP 09, membre de la coalition gouvernementale, ne cachait pas son agacement :
« Je continue à espérer que le parti ODS sera un partenaire de la coalition fiable. Il ne s’agit même pas de la question des impôts, ou même de celle d’un programme, il ne s’agit malheureusement que d’une lutte intestine au sein du parti ODS. »Miroslav Kalousek et Petr Nečas insistent sur le fait que sans le vote de cette loi, le budget 2013 ne peut être adopté en l’état. Mais les quatre heures de débat n’y font rien et les six députés rebelles campent sur leur position, malgré le risque d’implosion du gouvernement, à l’image de Petr Tluchoř, un ancien président du groupe parlementaire ODS :
« Je suis convaincu que c’est une loi qui entre en conflit direct avec les intérêts de ce pays, avec le programme électoral du parti civique-démocrate et avec le programme déclaré de ce gouvernement. »L’opposition, elle, a toujours été contre cette augmentation des taux de TVA, à l’image de Jiří Dolejš du parti communiste (KSČM) :
« Je pense évidemment qu’il faudrait revoir nos concepts en matière de politique économique. Mais d’un autre côté, je ne suis pas étonné que des dissensions apparaissent au sein du parti ODS car la pression des électeurs est peut-être le facteur qui a amené nos collègues à la réflexion. Il n’est pas possible d’élaguer ainsi pour parvenir à la prospérité, alors que soutenir la croissance est utile. »Pour ajouter à la fête, le parti Affaires publiques (VV), ancien membre de la coalition, entaché par des affaires de corruption, avait décidé de parasiter la séance parlementaire pour attirer l’attention sur le limogeage, la semaine passé, du chef de la police Petr Lessy. Radek John, le président du parti Affaires publiques expliquait la position des députés de sa formation :
« La révocation sans précédent du chef de la police, sa mise à la porte après vingt de services au sein de la police constitue selon nous, un coup porté à l’indépendance de la police et à la démocratie en République tchèque, qui n’a pas d’équivalent depuis 1989. Afin de marquer la gravité de la situation, nous sommes décidés à bloquer cette séance parlementaire. »Les débats sur le plan de « stabilisation fiscale » ont repris ce mercredi matin après que le Premier ministre a tenu une nouvelle réunion avec les six députés ODS indociles, qu’il n’a visiblement pas su convaincre.