Financement de la campagne présidentielle : les candidats ont reçu leurs premiers millions de couronnes
La prochaine élection présidentielle tchèque se tiendra dans un peu plus de six mois. Ce scrutin, prévu pour le début de l’année 2013, sera historique puisque ce seront les premières élections du chef de l’Etat au suffrage universel direct. Une modification du mode de scrutin qui change les règles du jeu, notamment celui du financement qui a été au cœur d’âpres discussions. Alors que la liste des candidats s’allonge avec l’arrivée de nouveaux postulants à la fonction présidentielle, la bataille des fonds de campagne a bel et bien commencé.
Les candidats à l’élection présidentielle tchèque de 2013 sont lancés dans la course aux financements. Les premiers millions sont arrivés dans la majorité des caisses de campagne. Le favori des sondages, l’ancien Premier ministre par intérim, Jan Fischer, a reçu près de deux millions de couronnes (80 000 euros), dont une grande partie de l’entrepreneur Mikuláš Šveda, directeur d’Exchange, l’une des principales entreprises de change du pays. L’homme d’affaire a affirmé à la presse qu’il était « mécontent de la situation peu réjouissante de la scène politique ». Il considère Jan Fischer, qu’il ne connaît pas personnellement, comme « la preuve qu’un homme politique peut avoir du caractère et être porteur de principes moraux ». Il a également précisé que « seule une personnalité non partisane pouvait être élue à la fonction présidentielle ». En tête des sondages, Jan Fischer entend récolter près de 30 millions de couronnes (1,2 millions d’euros). La limite fixée par la Constitution s’élève a 40 millions de couronnes (1,5 million d’euros).
Dernier candidat entré dans la course, Vladimír Dlouhý, ministre de l'Industrie et du Commerce de 1992 à 1997, sous le gouvernement Klaus, aurait déjà recueilli près de quatre millions de couronnes (160 000 euros) de deux entrepreneurs tchèques dont il tait pour le moment le nom. Conseiller à la banque d’affaire Goldman Sachs en Europe centrale, il est également membre de la Commission trilatérale qui regroupe des membres influents de la vie politique, économique et intellectuelle européenne américaine et asiatique. Considéré jadis comme l’un des hommes politiques les plus populaires et les plus respectés du pays, la fin de son mandat est toutefois entachée par les affaires de corruption qui ont touché les privatisations des grandes entreprises industrielles d’Etat. Par ailleurs, son appartenance dans le passé au Parti communiste tchécoslovaque constitue également un important handicap à sa candidature. Pour les observateurs, l’arrivée de Vladimír Dlouhý bouleverse les clivages de la campagne établis entre les partisans d’un président indépendant tel Jan Fischer et ceux d’un candidat lié à un parti politique. Le directeur de l’agence d’analyse sociologique Factum Invenio, Jan Herzmann, considère que Vladimír Dlouhý dispose de sérieuses chances de profiter d’une dispersion du vote des citoyens :« Jusqu’à présent les choses se présentaient ainsi : pour le deuxième tour, nous avions deux alternatives, soit Jan Fischer et Jan Švejnar ou encore Jan Fischer et Miloš Zeman. Désormais, personne ne sait ce qui va se passer lorsque les électeurs qui souhaitent un candidat indépendant et ceux favorables à un candidat issu d’un parti politique vont se diviser non plus en deux mais en trois parties. »
Le candidat du parti social-démocrate, Jiří Dienstbier compte recueillir de 12 à 15 millions de couronnes (500-600 000 euros) de son parti. Le ministre des Affaires étrangères, Karel Schwarzenberg, par ailleurs l’une des personnalités les plus riches du pays peut compter sur le soutien du milliardaire Zdeněk Bakala. Alors que l’ODS n’a pas encore confirmé la candidature de l’ex-président du Sénat Přemysl Sobotka, l’ancien Premier ministre Miloš Zeman, souvent nommé parmi les candidats les plus sérieux et soutenu dernièrement par son ancien rival, le président Václav Klaus, ne dispose encore d’aucun fonds de soutien au lancement de son éventuelle candidature.