Election au Parti communiste tchèque et morave : la continuité sans le changement
Sans grande surprise, le juriste et ancien vice-président de la Chambre des députés, Vojtěch Filip (55 ans) a été reconduit, ce samedi, à la tête du Parti communiste tchèque et morave avec 60% des voix. Une élection plus serrée que prévue puisque deux tours ont été nécessaires au maintien de celui que l’on nomme, depuis son accession à la présidence du Parti en 2005, le ‘Kádr’, le cadre. Pour parler de cette élection, le politologue Michel Perottino de l’Institut des relations internationales de la Faculté des sciences sociales à l’Université Charles et au Cefres à Prague était l’invité du studio de Radio Prague :
« Effectivement, c’est plus le fait qu’il a dû revenir au deuxième tour qui est surprenant que sa réélection à proprement parler. Tout le monde était d’accord sur l’idée qu’il n’y avait pas de contre-candidat de taille pour le concurrencer donc, sa réélection était prévue à l’origine. »
Quel courant représente t-il au sein du parti communiste, étant donné qu’en son sein, le parti comporte différentes tendances, des radicaux portés par Grospič aux modérés, conduits par Dolejš ? Est-ce que Vojtěch Filip est le candidat du consensus ?
« Il faut surtout retenir que c’est un candidat sans véritable concurrence. Vojtěch Filip est un pragmatique qui s’est installé à la tête du Parti il y a quelques années. Il puise beaucoup de sa légitimité dans son activité de parlementaire. Il a été vice-président de la Chambre basse du Parlement. Il a une bonne assise et il est capable de contrer les candidats au sein du parti. En matière de tendance, il faut savoir que les courants dans la Parti communiste sont non-formalisés. »Quelle couleur représente t-il au sein du Parti ? Est-il plutôt modéré, radical ?
« Il fait plutôt partie des modérés pragmatiques, ni véritablement ‘réformateur’, ni conservateur. »
Il serait plutôt favorable à une coalition avec les sociaux-démocrates du ČSSD, chose exclue pour les radicaux…« Il n’est pas foncièrement favorable à l’entrée du Parti dans une coalition, mais plutôt à l’élaboration d’une coopération. »
Le quotidien autrichien Die Presse avait consacré le mois dernier un article sur la crise politique tchèque qui a duré plusieurs mois, et a émis l’hypothèse de voir les communistes revenir au pouvoir dans le cadre d’une coalition avec les sociaux-démocrates. Est-ce que cela vous semble envisageable ?
« Techniquement, sur le papier, cela est tout à fait envisageable. D’autant plus que depuis quelques semaines on parle de plus en plus de la montée de la gauche en générale et en particulier du Parti communiste, à un point tel que la gauche aurait, non seulement, une majorité à la Chambre basse mais, également, une majorité constitutionnelle, ce qui ne s’est jamais vu. Au niveau pratique, c’est plus compliqué, d’abord parce que les sociaux-démocrates ont interdit en 1995 ce type de coopération avec les communistes. Concernant les communistes, je ne suis pas sûr qu’ils souhaitent entrer dans une coalition. Leur position d’opposition habituelle au sein de la scène politique leur est, sans doute, plus favorable. »