Démission du ministre de l’Education Josef Dobeš
Ce mercredi, à l’issue d’une réunion du cabinet du premier ministre Petr Nečas, le ministre de l’Education Josef Dobeš a annoncé au chef de gouvernement sa décision de démissionner. La raison officielle de ce départ est la décision du gouvernement de couper 2,5 milliards de couronnes (100 millions d’euros) dans le budget du ministère de l’Education, restriction que le ministre sortant juge inadmissible. La presse considère toutefois cette raison comme un prétexte pour une démission qui était de toute façon inévitable.
« A la fin du mois de février les fonctionnaires de mon ministère ont décidé de distribuer dans les régions une somme de 4 milliards de couronnes pour augmenter les salaires des instituteurs. Si je voulais donc réaliser cette nouvelle restriction, je serais obligé de réduire à nouveau les salaires des instituteurs d’au moins 2 milliards de couronnes. Et c’était inadmissible pour moi. »
Le premier ministre Petr Nečas n’a pas tardé à accepter la démission de son ministre. Il a tenu à souligner que le départ de Josef Dobeš était une conséquence logique de son refus d’appliquer dans son secteur la politique d’austérité du gouvernement :
« Je considère sa décision comme correcte et honnête sur les plans politique et humain. Tous les ministres de mon cabinet savent que j’exige que le gouvernement soit unanime à appuyer les décisions budgétaires clé et que la seule forme de protestations contre les moyens financiers alloués aux ministères que je tolère est justement la démission du ministre. Je dois dire que la façon dont le ministre Josef Dobeš a abordé cette situation a été honnête et correcte. »Le cabinet se déclare obligé de procéder à ces restrictions supplémentaires parce qu’il a revu à la baisse les prévisions de la croissance économique en République tchèque pour cette année. Selon cette prévision actualisée la croissance économique ne devrait pas dépasser 0,2 %. Le ministre des Finances Miroslav Kalousek voulait d’abord couper dans le budget du secteur de l’éducation une somme bien plus importante, 4,5 milliards de couronnes (180 millions d’euros). En réduisant cette somme presque de moitié, le cabinet s’est donc montré exceptionnellement sensible aux exigences du ministre de l’Education mais celui-ci n’a pas jugé cette concession suffisante. Selon Miroslav Kalousek, la réduction de 2,5 milliards de couronnes ne pourrait pas appauvrir de façon substantielle le budget du ministère :
« Il ne s’agit que de 2 % des dépenses du secteur de l’éducation. C’est comme si vous deviez déposer dans un tiroir 2 % des dépenses prévues de votre budget familial. Vous sauriez certainement vivre sans ces 2 % de votre budget. Chaque ministre devrait donc surmonter sans problèmes cette situation. »Les appels à la démission ont accompagné pratiquement toute la carrière ministérielle de Josef Dobeš. Ils se sont multipliés notamment ces derniers temps lorsque le ministère de l’Education était critiqué à plusieurs reprises pour son incapacité à puiser dans les fonds de l’Union européenne. Le ministre a essuyé aussi des critiques pour le caractère confus de sa réforme de l’enseignement supérieur et pour ses anciennes activités dans l’agence de renseignement ABL. Il a également déclanché une vague de critiques par son soutien à Ladislav Bátora, fonctionnaire du ministère de l’Education qui avait scandalisé l’opinion par ses propos extrémistes. Tout cela n’a pas cependant empêché le président Václav Klaus de manifester à maintes reprises son appui et ses sympathies pour le ministre sortant et de le qualifier de « meilleur ministre tchèque de l’Education depuis 1989. »