Le prochain président tchèque sera élu par les Tchèques
C’est désormais une quasi-certitude : le prochain président de la République sera élu au suffrage universel. Deux mois après la Chambre des députés, le Sénat a en effet voté, mercredi, en faveur de l’amendement à la loi constitutionnelle qui prévoit de modifier le mode d’élection du chef de l’Etat. L’année prochaine, le successeur de Václav Klaus au Château de Prague ne sera donc plus élu par le Parlement, comme cela était le cas depuis la première élection de Václav Havel en 1993, mais directement par les Tchèques eux-mêmes.
Jusqu’à présent, le chef de l’Etat tchèque était élu par les deux chambres réunies du Parlement pour un mandat de cinq ans. Le nouvel amendement prévoit, lui, un mode de scrutin à deux tours similaire à celui des élections sénatoriales : les deux candidats sortis en tête du premier tour s’opposeront au second. Pour pouvoir présenter leur candidature, les aspirants au Château de Prague devront bénéficier du soutien d’au moins vingt députés ou dix sénateurs ou recueillir les signatures d’au moins 50 000 citoyens tchèques majeurs.
Bien qu’envisagée depuis de longues années et réclamée par une majorité de l’opinion publique, notamment écœurée par le déroulement sulfureux de la réélection de Václav Klaus en 2008, l’adoption du ce nouveau mode d’élection ne fait toutefois pas l’unanimité au sein de la classe politique. C’est ce qu’explique le ministre de la Justice, Jiří Pospíšil :
« Je considère cela comme le résultat d’un compromis politique entre les trois partis de la coalition gouvernementale et l’opposition sociale-démocrate. En ce qui nous concerne concrètement au Parti civique démocrate, les avis sont partagés sur le sujet. Certains sont favorables au suffrage universel, d’autres non. Nous n’avons jamais caché que nous n’avions pas de position clairement arrêtée. D’un autre côté, lorsque nous nous sommes engagés avec les deux autres partis de la coalition, nous avons accepté de faire de l’adoption du suffrage universel une des missions du gouvernement. Nous avons donc satisfaits d’avoir rempli notre mission. »En République tchèque, le président ne dispose que de pouvoirs restreints. Même s’il nomme le Premier ministre, les membres de la banque centrale les juges constitutionnels ou possède encore un droit de veto sur certaines lois, c’est d’abord un rôle honorifique qu’il tient. Comme le fait souvent Václav Klaus, notamment en ce qui concerne les questions européennes, le chef de l’Etat peut toutefois également intervenir sur des questions de politique intérieure comme étrangère. La réforme adoptée ne modifiera pas fondamentalement ses prérogatives. Mais selon la sociologue Jiřina Šiklová, cela ne change rien au fait que, pas plus que les électeurs, ni le système ni les responsables politiques tchèques ne sont prêts à un tel changement de mode d’élection et de fonctionnement :
« Les politiques ne vont quand même pas abandonner volontairement le pouvoir qu’ils ont au profit du président. Nous n’avons pas de système présidentiel comme aux Etats-Unis. Si tel était le cas, il faudrait complètement revoir le rôle de tous les autres pouvoirs et institutions. Mais ici, nous n’avons pas cette possibilité. Les gens pensent que le fait d’élire eux-mêmes le président garantira une sorte de contrôle des partis politiques qu’ils ne souhaitent pas voir décider ou qu’ils critiquent. Mais les choses ne se passeront pas comme ainsi. »Le deuxième quinquennat de Václav Klaus arrivera à terme début mars 2013. La prochaine élection devrait donc se tenir en janvier ou février prochain.