Euroscepticisme et populisme : un sujet très centre-européen
« A partir de l’Europe centrale, analyser un monde qui change », tel était le titre d’un colloque, organisé au début de la semaine à Prague, à l’occasion du 20e anniversaire du Centre français de recherche en sciences sociales (CEFRES), fondé dans la capitale tchèque en 1991. Mardi, des politologues, sociologues et historiens français, tchèques et d’Europe centrale, notamment ceux qui représentent la jeune génération de chercheurs formés par des institutions comme le CEFRES, ont débattu des thèmes d’actualités, dont la politique migratoire des pays post-communistes, de nouvelles formes de violence ou encore des rapports entre la politique et la culture. Une des tables rondes a été consacrée à un sujet récurent dans l’espace centre-européen : au populisme et à l’euroscepticisme.
Le secrétaire général du CEFRES, Michel Perottino, se consacre au fonctionnement des systèmes politiques tchèque et français. Nous lui avons demandé de commenter l’évolution de deux partis tchèques, membres de la coalition gouvernementale de centre-droit, du Parti civique démocrate (ODS), fondé par l’actuel président Václav Klaus, et des Affaires publiques, formations auxquelles les médias aiment justement donner des étiquettes eurosceptique et populiste. Michel Perottino :
« Il y a des passerelles assez connues. Nous en avons parlé aujourd’hui : on est populiste à un moment donné, lorsqu’on est dans l’opposition, mais quand on arrive au pouvoir, on est obligé de mettre de l’eau dans son vin et d’être plus pragmatique que populiste. Donc la pratique gouvernementale affaiblit la dimension eurosceptique ou populiste de tel ou tel parti. Quant à l’euroscepticisme de l’ODS par exemple, sur le long terme, c’est-à-dire depuis au moins une dizaine d’années, et notamment depuis l’adhésion de la République tchèque à l’UE, le parti a connu une évolution : aujourd’hui, il est moins eurosceptique qu’il n’était il y a cinq ou six ans. Affaires publiques est un parti assez particulier au niveau de sa structure et de son fonctionnement. Il a fait toute sa campagne sur le changement, sur le rejet des élites à l’époque et encore aujourd’hui au pouvoir, sur l’idée de faire partir les ‘dinosaures’. A partir du moment où ce parti arrive au Parlement et qu’il rentre au gouvernement, finalement, les dinosaures ne le gênent plus autant que cela. Il accepte, lui aussi, de jouer le jeu, parce qu’il y a d’autres intérêts en compte. »Nous reviendrons sur le colloque organisé à l’occasion du 20e anniversaire de la fondation du CEFRES à Prague dans nos prochaines émissions.