Le petit cochon sexiste : un concours pour élire la pub la plus sexiste

'Soldes d'hiver attractives'

Une ONG de Brno a lancé il y a trois ans un concours original auquel tout un chacun peut participer. Il s’agit d’élire la publicité la plus sexiste : le « vainqueur » recevra ainsi un anti-prix pour sa pub.

Daniela Jungová
Nesehnutí est une ONG de Brno, la deuxième métropole du pays. Créée dans la deuxième moitié des années 1990, cette organisation est spécialisée dans la défense des droits de l’homme et de la femme, s’efforce de promouvoir la défense de l’environnement et une politique de proximité. Outre différentes activités de lobbying auprès des hommes politiques, Nesehnutí essaye de faire passer ses messages de manière ludique et moins traditionnelle. C’est le cas du concours de la pire publicité sexiste, appelé « Le petit cochon sexiste ». Daniela Jungová travaille pour Nesehnutí, elle nous en dit plus :

'Vente de carpes'
« Nous voulions prendre ça par l’humour. Cela doit être un anti-prix, donc on ne voulait pas remettre une belle statuette. On a choisi un cochon et pour renforcer le côté parodique, on l’a appelé ‘petit cochon’. Pourquoi ‘sexiste’ ? Parce que ce prix est remis au producteur ou à l’entreprise qui a la publicité la plus sexiste selon le résultat du vote du public. »

En République tchèque, en effet, que ce soit le long des autoroutes, ou çà et là, dans certaines rues des villes, il n’est pas rare de tomber sur des publicités au goût pour le moins douteux, comme le remarque encore Daniela Jungová :

'Nous pouvons vous le dresser n'importe où'
« Nous considérons comme pub sexiste celles qui mettent en scène une femme nue qui n’a aucun rapport avec le produit proposé. Elle n’est là que pour attirer l’attention. Ou bien il s’agit de pubs où l’homme et la femme sont présentés de manière très stéréotypée et dégradante. Je peux vous dire un exemple typique : une femme nue, présentée de manière très sexy, et à côté le slogan : ‘Nous pouvons vous l’ériger, vous le dresser n’importe où’. Et c’est une pub pour une entreprise de construction ! »

Allusions graveleuses et images à la limite du porno, l’imagination de ces entreprises n’a pas de bornes pour attirer le chaland, masculin de préférence. Le Conseil national pour la publicité peut certes attirer l’attention de telle entreprise sur le caractère vulgaire d’une réclame, il n’a cependant aucun moyen de pression pour la lui faire retirer. L’ONG Nesehnutí espère, grâce à ce concours, faire changer les mentalités. Comme fonctionne cette compétition d’un genre particulier ? Daniela Jungová :

'Soldes d'hiver attractives'
« On collecte les publicités jusqu’en juin-juillet de chaque année : toutes les personnes qui en repèrent dans leurs environs sont appelés à les photographier ou à nous envoyer le lien. Nous mettons ensuite la pub sur notre site internet. On peut alors voter durant l’été et l’automne. En novembre ou décembre, on annonce le gagnant. Cette année ce sera en décembre, donc les gens peuvent encore voter maintenant. »

Alors comment réagissent ces fameux gagnants de la publicité la plus sexiste ? Daniela Jungová :

« Je me souviens que la toute première entreprise à avoir été distinguée, son gérant est venue récupérer le prix en personne ! Il est venu, il a remercié et il est reparti. Je crois qu’ils considèrent cette vision négative comme une forme de publicité quand même. Même si nous pointons du doigt le fait que la réclame en question n’est pas correcte, qu’elle est sexiste, ils haussent les épaules et disent qu’une publicité négative reste une forme de publicité et qu’il n’y a pas de raison de la supprimer. »

Malgré une forme de fair-play, c’est un constat donc assez amer, mais qui n’empêche de loin pas l’ONG Nesehnutí de continuer sa croisade. Pour tous ceux qui souhaitent voter pour la pub la plus sexiste de l’année 2011, c’est au : http://zenskaprava.cz/