Etude de La Strada : les masseuses thaïes obligées de rembourser leurs dettes aux patrons tchèques

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Depuis plusieurs années, les Tchèques, eux aussi, découvrent les bienfaits des massages thaïs. Il existe, rien qu’à Prague, plusieurs dizaines de salons qui emploient des masseuses originaires de Thaïlande. Une étude réalisée récemment par l’ONG tchèque La Strada a toutefois démontré que les conditions dans lesquelles travaillent ces femmes sont souvent à la limite de l’esclavagisme.

Irena Konečná
La communauté thaïe en République tchèque est spécifique : elle est composée de 91% des femmes. Les Thaïlandaises sont environ 500 à travailler notamment dans les salons de massage du pays, ainsi que dans le secteur de la gastronomie. L’ONG tchèque La Strada, spécialisée dans la lutte contre la traite des êtres humains, a rencontré onze masseuses thaïes employées dans plusieurs salons pragois, souvent dans des conditions précaires. Irena Konečná, directrice de La Strada, a précisé pour Radio Prague :

« La majorité des masseuses thaïes ont une dette qui s’élève à environ 2 000 euros. Souvent, il s’agit d’une dette contractée envers leurs employeurs. Ces employeurs, pour la plupart tchèques, ont peur que leurs employées quittent leurs salons, qu’elles aillent travailler ailleurs. Les propriétaires des salons ont donc tendance à surveiller les masseuses, à leur confisquer leur passeport ce qui est déjà une forme d’abus sur une personne. Même si les femmes interrogées n’ont pas été elles-mêmes victimes d’attaques physiques, elles ont reconnu que ce genre de comportement existait dans les salons tchèques. Nous avons également appris qu’un patron a forcé une masseuse à travailler pour s’acquitter d’une dette fictive, en échange de la prolongation de son visa. »

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Après l’affaire des 200 travailleurs roumains qui auraient été escroqués, à l’automne 2010, par une entreprise de Plzeň, après celle de plusieurs centaines de ressortissants du Vietnam, de la Slovaquie, de la Roumanie et d’autres pays encore, exploitées ces deux dernières années dans les forêts tchèques, ce sont donc les masseuses thaïes qui préoccupent les ONG, ainsi que la police tchèque. « C’est un milieu que nous connaissons bien et auquel nous nous intéressons depuis longtemps », a déclaré, pour la presse, le chef de l’Unité pour le crime organisé, Robert Šlachta. Mais selon la directrice de la La Strada, les conditions d’embauche des masseuses venues de Thaïlande sont meilleures, comparé à la situation des autres travailleurs immigrés, et ceci grâce aux autorités thaïlandaises :

L’ambassade de Thaïlande en République tchèque
« L’ambassade de Thaïlande en République tchèque surveille de très près les conditions de travail de ses citoyens. Les services qu’elle leur offre sont largement au-dessus de la moyenne. Par exemple, les contrats de travail doivent être traduits dans leur langue, donc en thaï. C’est un avantage que n’ont pas tous les immigrés en République tchèque. Aussi, l’ambassade de Thaïlande dispose d’une ‘liste noire’ d’entreprises tchèques, déconseillées à ses ressortissants, car des problèmes au niveau du respect des droits des travailleurs y avaient été signalés. »

L’ONG La Strada, prépare, en collaboration avec l’ambassade de Thaïlande à Prague, des séminaires destinés aux travailleurs thaïlandais, aux cours desquels ces derniers pourraient parler de leurs problèmes avec des juristes. Plus de détails sur le site de l’ONG www.strada.cz. Le public est appelé à signaler tout comportement suspect dont il serait témoin dans les salons de massage tchèques au numéro vert de l’organisation.