Harcèlement sexuel dans les universités tchèques : 67% des étudiants en seraient victimes
Deux étudiants tchèques sur trois auraient été victimes d’harcèlement sexuel dans le milieu universitaire tchèque : tel est le résultat de l’une des premières études sociologiques consacrées à ce sujet en République tchèque. Elle vient d’être publiée, sous forme d’ouvrage, par trois chercheuses de l’Institut de sociologie de l’Académie tchèque des sciences.
Fréquemment marginalisé et banalisé, le problème n’est pas négligeable en République tchèque, comme l’affirme Marta Vohlídalová, un des auteurs de l’étude. Elle replace les chiffres dans le contexte international :
« En ce qui concerne les études représentatives sur le long terme, nous disposons surtout de données provenant des Etats-Unis et des pays anglo-saxons. Une étude américaine parle de 20 à 40 % d’étudiants touchés par le harcèlement sexuel au sens large du mot. En République tchèque, à part la nôtre, une seule étude existe pour l’instant : elle a été effectuée par les chercheurs de la Faculté des sciences humaines auprès des étudiants de plusieurs universités tchèques et ils sont même arrivés à des chiffres supérieurs comparés à nos résultats. »Seuls 3 % des étudiants interrogés évaluent cependant le comportement inapproprié des enseignants comme un harcèlement sexuel. Ne s’agit-il pas alors d’un problème artificiel ? Marta Vohlídalová :
« J’ai été surprise par certaines histoires incroyables qu’ont vécues les étudiants que nous avons rencontrés. En fait, le scénario a toujours été le même : d’abord, ils nous disaient ne pas être confrontés à un harcèlement sexuel de la part des professeurs. Ensuite, ils ont commencé à se souvenir de situations assez délicates, qui se sont déroulées lors des examens ou même pendant les cours. Le problème du harcèlement dans notre société est aussi un problème linguistique. Les gens ne savent pas exactement ce que ce terme signifie, ce qu’il englobe. Ces étudiants hésitaient à parler d’harcèlement sexuel, mais il n’empêche que ces comportements-là leur ont été désagréables. Ils les percevaient comme problématiques, comme une atteinte à leur dignité, quelque chose qui n’a pas de place dans le milieu scolaire. »L’étude de l’Institut de sociologie s’adresse avant tout aux universités : ces dernières devraient, comme le proposent ses auteurs, établir un code éthique et mettre en place un réseau d’assistants capables d’intervenir et de conseiller les jeunes en détresse : une assistance qui fait défaut étant donné que 70 % des étudiants ne savent pas à qui s’adresser en cas de problème.