La République tchèque n’enverra pas ses Gripen bombarder le Colonel Kadhafi

Photo: CTK

Alors que l’ONU a donné jeudi soir son feu vert à une opération militaire en Libye contre les forces loyales au Colonel Kadhafi, la République tchèque a annoncé qu’elle ne participerait aux opérations militaires qui pourraient être entamées dans les prochaines heures. Même si le gouvernement a salué la résolution onusienne, une intervention tchèque semble pour l’heure exclue. Il existe un certain consensus dans la classe politique tchèque sur la non-participation de Prague à cette intervention.

Photo: CTK
Le gouvernement tchèque ne devrait pas s’engager dans une guerre contre la Libye. L’appel à une intervention militaire de l’ex-président Václav Havel est resté plutôt isolé au sein de la classe politique tchèque. Le gouvernement a, depuis le début de la crise, adopté une position prudente sur la question d’une intervention. Le ministre des Affaires étrangères Karel Schwarzenberg a plusieurs fois fait part de ses doutes concernant la nature de l’opposition libyenne. Le Président Václav Klaus s’était opposé vigoureusement à une intervention militaire juste après l’appel de Havel. Le ministre de la Défense Alexandr Vondra (ODS) avait, de son côté, refusé de comparer le cas libyen et le cas yougoslave où l’OTAN était intervenu. Vendredi matin il a répondu ainsi aux journalistes qui lui demandaient si les avions de combat Gripen allaient participer aux opérations :

Alexandr Vondra
« Non, car ils ne sont pas équipés pour cela. Depuis le début j’ai dit que la pression devait être mise par ceux qui ont les moyens de recourir à la force. Ce n’est pas notre cas. »

La non-intervention tchèque transcende la classe politique puisque même le parti communiste est satisfait de la position gouvernementale. Le député européen Jiří Maštálka (KSČM) a réagi pour Radio Prague :

Photo: CTK
« Je suis d’accord avec la position du gouvernement car j’ai toujours été opposé à une intervention qui était contre les intérêts de la République tchèque. Même s’ il y a eu une résolution du Conseil de sécurité, celle-ci n’est pas unanime. J’ai notamment suivi la position russe et de nombreuses questions sont restées sans réponses. Je pense que cette résolution n’apportera aucune solution pacifique au conflit. Les belligérants devraient s’asseoir à une table des négociations. Ceci devrait être valable aussi pour l’Afghanistan. Il pourrait y avoir une médiation internationale car la guerre n’est pas une solution qui profitera au peuple. »

La position tchèque tranche donc avec le volontarisme français ou britannique. L’Allemagne, la Russie, l’Inde, le Brésil et la Chine se sont abstenus lors du vote de la résolution 1973 de l’ONU. Les membres permanents du Conseil de sécurité n’ayant pas mis leur veto, les Etats qui le souhaitent peuvent donc procéder à une intervention militaire avec l’aval de l’ONU.