Le 28 octobre et le 17 novembre, deux grandes fêtes nationales si proches et si différentes
Cette nouvelle revue de presse se penche d’abord sur les spécificités des deux grandes fêtes nationales tchèques célébrées les 28 octobre et 17 novembre. Autres sujets traités : les réactions à l’appel de la ministre de la Défense à quitter l’ONU, la possible apparition d’une nouvelle formation sur la scène politique tchèque, l’accent mis par les services de renseignement sur les menaces extérieures ou même encore l’attention qui a été portée en Tchéquie à la Coupe du monde de rugby.
La Tchéquie se trouve presqu’à la mi-temps entre la fête nationale du 28 octobre, qui commémore la fondation de la Tchécoslovaquie en 1918, et celle du 17 novembre, qui rappelle, elle, le début de la révolution de Velours, connue également comme la Journée internationale des étudiants. L’occasion pour un chroniqueur du site Seznam Zprávy d’observer :
« La Tchéquie va connaître sa deuxième ‘grande’ fête nationale en l’espace de trois semaines, ce qui est probablement un fait unique au monde. Le 28 octobre est une journée qui appartient davantage aux politiciens, avec ses cérémonies officielles, les discours et les remises de médailles. Pour souligner le caractère solennel de l’événement, les magasins restent fermés. Le 17 novembre est un jour plus joyeux avec des festivités beaucoup plus spontanées. Et les magasins restent ouverts. Un sondage a d’ailleurs confirmé que le 17 novembre était la fête préférée des Tchèques. »
De l’avis de l’auteur, cette préférence n’est pas étonnante. D’abord parce qu’il y a toujours beaucoup de témoins des événements qui ont mené à la chute du régime communiste à la fin de l’année 1989 :
« Que ce soit à Prague ou ailleurs en Tchéquie, les gens qui ont l’habitude de descendre dans la rue le 17 novembre, savent exactement pourquoi ils le font. Et s’ils n’hésitent pas à le faire, année après année, c’est parce qu’il s’agit d’ un rappel du jour depuis lequel nous sommes devenus plus ou moins responsables de nos propres succès et échecs. »
Sur le site du journal Forum24, on peut également lire à ce sujet :
« Nous n’avons aucune raison de célébrer la Tchécoslovaquie et de nous émouvoir de la fondation d’un État qui n’existe plus depuis trente ans. Nous devons débattre de son histoire et envisager celle-ci de manière critique à la fois pour en apprécier les aspects positifs et tirer les leçons de ce qui était moins bien. La phase de liberté de nos vies a commencé le 17 novembre 1989 et c’est ce moment qui mérite d’être célébré. La date du 1er janvier 1993, jour de la création de l’État tchèque dans sa forme actuelle, s’y prête également. La République tchèque est notre patrie, pas la Tchécoslovaquie. »
Quand le monde démocratique et l’Occident sont minoritaires
« L’ONU reste le mieux que les nations unies du monde puissent avoir », estime le quotidien Deník suite à l’appel à quitter l’ONU lancé sur son compte X par Jana Černochová, la ministre de la Défense, suite à l’adoption d’une résolution par l’Assemblée générale demandant une trêve humanitaire à Gaza. Son auteur a écrit :
« Le cri de la ministre de la Défense n’est rien de plus et rien de moins qu’un cri. Car si la raison du retrait tchèque de l’ONU devait être l’adoption d’une résolution qui ne condamne pas l’opération monstrueuse du Hamas comme du pur terrorisme, la Tchéquie devrait alors se retirer également de l’Union européenne et de l’OTAN. En effet, même certains de leurs membres, comme la France, l’Espagne et la Belgique, ont voté en faveur de la résolution de l’ONU. La Tchéquie a été l’un des quatorze pays, avec à leur tête les États-Unis, qui ont voté contre. Ce constat devrait nous inciter à réfléchir aux raisons pour lesquelles nous ne sommes parvenus à convaincre que si peu d’alliés du bien-fondé de notre position pro-israélienne. »
Le chroniqueur de Deník rappelle que la Tchécoslovaquie, en 1945, a compté parmi la cinquantaine d’États membres fondateurs de l’ONU, qui est le seul forum mondial existant aujourd’hui. « La Charte des Nations unies ou la Déclaration universelle des droits de l’homme restent des documents très utiles qui, s’ils étaient respectés, rendraient le monde meilleur », souligne-t-il ainsi, avant de conclure :
« Jana Černochová a néannmoins raison sur un point : dans le monde actuel, l’Occident et les États démocratiques sont minoritaires. Pour autant, il il ne s’agit pas de vouloir créer notre propre ONU, mais de coopérer davantage et mieux les uns avec les autres. C’est le seul moyen pour que la partie plus petite et plus libre de la planète puisse vivre et survivre. »
L’apparition d’un nouveau parti politique en Tchéquie est-elle possible ?
En Tchéquie, beaucoup d’électeurs libéraux rêvent de l’apparition d’un nouveau parti démocratique. Le quotidien Hospodářské noviny a réfléchi aux pour et aux contre d’une telle éventualité :
« Le fait que les électeurs de la coalition gouvernementale soient déçus de ses résultats, plaide en sa faveur. Il ne faut pas non plus oublier que de nombreuses personnes qui ont voté pour les cinq partis au pouvoir depuis 2021 l’ont fait avec certaines réticences. Par exemple, parmi les électeurs du principal parti au pouvoir, le Parti civique démocrate (l’ODS, conservateur), nombreux sont ceux qui, contrairement aux dirigeants du parti, sont favorables à l’adoption de l’euro. De même, certains électeurs des Pirates ont du mal à accepter la position trop à gauche de certains de leurs membres. C’est pourquoi si un parti libéral clairement proeuropéen avec un programme moderne devait émerger, il aurait une chance de succès. »
Le chroniqueur du quotidien économique estime que le traditionalisme de l’électorat tchèque est un frein à l’apparition d’un tel parti. En l’occurence, le dernier nouveau parti de ce type à avoir connu un certain succès a été TOP 09, créé il y a quatorze ans. « Cela dit, une nouvelle formation aurait l’avantage de voir apparaître de nouveaux visages qui pourraient être plus crédibles que les visages actuels », constate-t-il aussi, avant de s’interroger :
« Mais, honnêtement, existe-t-il dans la sphère publique de nouveaux politiciens qui pourraient présenter et représenter ce nouveau parti ? Et si oui, pourra-t-on les voir ? »
Le service de renseignement met l’accent sur les menaces extérieures
Jeudi 26 octobre, le Service de renseignement (BIS) a publié son rapport annuel pour 2022. « Une année charnière pour notre sécurité et celle de l’Europe », selon le site Aktualne.cz :
« Ce rapport est fort dans la description des menaces extérieures liées notamment à la Chine et à la Russie. Il aborde également les dangers qui découlent de la diffusion de fausses informations et met en garde contre les messages vidéo et audio fruits de l’intelligence artificielle, qui imitent les voix et les visages de personnes pour leur faire dire des choses qu’elles n’ont pourtant jamais dites. Ces avertissements sont justifiés, comme l’a montré la récente campagne électorale menée en Slovaquie contre le parti libéral Slovaquie progressiste, durant laquelle la désinformnation a été omniprésente. »
Toutefois, note encore l’auteur, le rapport s’intéresse peu aux risques qui détruisent le pays de l’intérieur. Ainsi, il manqque presque un chapitre sur les intérêts économiques de l’État. Le tout à un moment où la Tchéquie figure en deuxième position à l’indice du capitalisme de connivence, selon le magazine The Economist :
« Il s’agit d’un sujet désagréable pour les politiques. Cela n’empêche pas le public de très bien savoir, par exemple, comment les entreprises énergétiques se sont enrichies grâce aux prix de l’énergie l’année dernière ou comment les groupes alimentaires ont profité de l’inflation. La hausse des prix a joué un grand rôle dans la polarisation de la société, en renforçant le mécontentement d’une partie importante de la population. Or, le rapport du BIS présente la Tchéquie comme un endroit idyllique, perturbé seulement par les activités pro-russes, ce qui n’est certainement pas le cas. »
Une Coupe du monde de rugby très suivie en Tchéquie aussi
« La Coupe du monde de rugby en France a trouvé un public étonnamment nombreux et enthousiaste en Tchéquie également », peut-on lire sur le site Echo24.cz :
« Les fans tchèques qui ont pu suivre (en clair et gratuitement) les matches retransmis en direct sur la chaîne sportive de la Télévision tchèque ont été captivés non seulement par l’aspect sportif, mais aussi par le monde du rugby avec sa culture unique, le comportement des joueurs et des supporters, et des valeurs qui semblent défier les normes du sport commercialisé. Il ont pu apprécier le fait que le rugby est un sport qui réponde à un idéal traditionnel. Certes, il y a de l’argent, mais pas des sommes absurdes, les joueurs savent se contrôler malgré un énorme engagement physique et parfois même la douleur, ils respectent leurs adversaires, ne simulent pas, ne sont pas malveillants et respectent les décisions de l’arbitre sans broncher. »