Le secteur des technologies de l’information toujours dynamique en République tchèque
Le secteur des technologies de l’information est resté, malgré la crise, un des secteurs les plus dynamiques de l’économie tchèque. La République tchèque accueille d’ailleurs de nombreuses sociétés internationales d’informatique et des nouvelles technologies, parmi lesquelles la filiale tchèque du groupe Devoteam, leader européen du conseil en infrastructures réseaux et système. Sylvain Bernolle est directeur de Devoteam en République tchèque.
Vous m’avez dit que vous travaillez aussi bien auprès du service public que du secteur privé…
« En République tchèque, nous avons effectivement une activité qui est assez bien répartie entre secteur public et secteur privé. Nous intervenons auprès du gouvernement tchèque pour les aider à la réalisation d’initiatives importantes dans le domaine de l’administration électronique qui vise à moderniser l’administration tchèque, à simplifier les procédures vis-à-vis des citoyens, vis-à-vis des entreprises, avec un apport important de la Commission européenne en terme de financements. C’est la première partie de notre activité. Nous intervenons également pour le compte des secteurs de la finance et des Télécoms. »
Devoteam est une société multinationale. Vous pouvez donc avoir quelques points de comparaisons. Que pouvez-vous dire du marché tchèque ? Est-il un marché dynamique ?
« De manière générale, le marché tchèque est un marché assez mature. Il est beaucoup plus proche, si on compare où notre société intervient, des marchés de l’Europe de l’Ouest que de ceux de l’Europe de l’Est. Nous sommes aujourd’hui présents dans 23 pays. Effectivement, nous avons plusieurs points de comparaison, notamment au niveau du secteur public, où nous aidons le gouvernement tchèque à comparer leurs initiatives par rapport aux meilleures pratiques que nous pouvons retrouver notamment dans les pays scandinaves. Nous avons beaucoup travaillé en collaboration avec le Danemark et la Norvège, qui sont à la pointe en ce qui concerne l’administration électronique. Il est vrai que sur ce secteur, on a encore un besoin de rattrapage important et la République tchèque a la chance d’avoir à sa disposition des sources de financement importantes pour réaliser ces chantiers d’infrastructures qui sont à la base de toute transformation des services administratifs. On peut citer notamment les projets en matière de Trésor public, puisque aujourd’hui la République tchèque est engagée dans la création du Trésor public, ce qui n’est pas une mince affaire. Un autre projet important est la constitution de registres nationaux qui sont en fait les bases de données contenant les informations essentielles telles que les informations sur les personnes, sur les entreprises, sur les propriétés qui vont être échangées entre les administrations et les citoyens et entreprises. Effectivement, sur le secteur public, on a encore devant nous d’importants changements. En ce qui concerne le secteur privé, on est beaucoup plus en ligne par rapport aux standards internationaux qu’on peut connaître chez les banques ou les opérateurs télécoms pour lesquels nous travaillons en Europe. »En tant qu’utilisateur, et contrairement aux idées reçues, l’administration tchèque donne le sentiment d’être assez moderne dans son utilisation de l’informatique. Est-ce bien le cas ?
« Effectivement, la République tchèque a décidé il y a deux ans de lancer un important chantier de modernisation qui s’est traduit par la mise en place d’initiatives pour simplifier les démarches vis-à-vis des citoyens telles qu’un guichet unique, qu’ils appellent Czech Point, et qui permet au citoyen depuis n’importe quel guichet à la Poste ou dans une mairie d’avoir accès à un ensemble de démarches administratives. Le principe étant que c’est à l’information de suivre le citoyen et non pas l’inverse. On a été assez stupéfait par la capacité de l’administration tchèque à mettre en place, en l’espace de quelques mois, ce guichet unique qui a vu le jour en Europe de l’Est au bout de quelques années. Il est vrai qu’il y a cette capacité, une fois que les décisions politiques sont prises, d’être très fort sur la réalisation. Par ailleurs, on peut également citer pour le secteur des entreprises, la mise en place de boîtes électroniques, qui aujourd’hui sont le canal privilégié de communication entre les entreprises et l’administration, et qui facilite énormément les démarches pour les entreprises. »Le secteur des IT est réputé pour être très dynamique en République tchèque et ailleurs. Est-ce une idée reçue ?
« Pas du tout, il est vrai que notre secteur connaît encore de la croissance même si la crise est passée par là et a ralenti un certain nombre de projets. Il n’en reste pas moins qu’aujourd’hui, toute transformation de métier se traduit par des transformations sur informatique. Et effectivement, la République tchèque a su se positionner comme un centre de services en Europe ; on a vu plusieurs sociétés installer y leur ‘data center’, leur centres de données comme DHL, ou IBM. On retrouve en République tchèque de fortes compétences sur ce secteur IT qui lui-même est soumis à une importante transformation, avec le phénomène du ‘cloud computing’, qui est très à la mode et qui pourrait se traduire par ‘l’informatique à la demande’, c’est-à-dire la capacité de fournir un service de façon dynamique en fonction des besoins, que ce soit aux entreprises ou aux utilisateurs finaux. Oui, c’est un secteur qui se renouvelle de part son côté innovant et cette nouvelle tendance. »On voit beaucoup d’offres d’emploi dans les technologies de l’information. Comment se présente le marché de l’emploi du secteur IT en République tchèque ?
« De manière générale, le niveau de formation des ingénieurs tchèques est très élevé. On a donc la capacité de trouver sur place des ingénieurs d’un très bon niveau qui sont souvent dotés de compétences linguistiques. Il n’est pas rare d’avoir des ingénieurs qui parlent trois ou quatre langues – c’est le cas de nos collaborateurs. Mais il est vrai que par rapport à la demande du marché, les universités tchèques ont du mal à fournir un nombre suffisant d’ingénieurs. A titre d’exemple, nous faisons donc appel à des experts internationaux et nous comptons dans notre équipe cinq nationalités sur une équipe de vingt personnes. »Depuis vingt ans, la République tchèque a été vite investie par de nombreuses sociétés internationales. Aujourd’hui, dans différents secteurs, on voit ces sociétés se déplacer encore plus à l’Est. Est-ce un risque pour la République tchèque dans ce secteur des IT ?
« Il est vrai que le phénomène de globalisation, la concurrence d’acteurs chinois et indiens de plus en plus forte aujourd’hui sur notre secteur, est un véritable défi, en particulier pour la République tchèque, qui est entre deux. Une des priorités des sociétés tchèques aujourd’hui est de monter dans l’échelle de valeurs et de dépasser effectivement ce rôle de société de développement et de centre de services pour aller de plus en plus au contact des problématiques métier de nos clients et travailler sur des problématiques d’architecture des systèmes d’information et de conseil. »
A noter par ailleurs que Sylvain Bernolle est membre du Centre des jeunes dirigeants d’entreprise. Le CJD dont nous avions parlé sur nos ondes l’année dernière, organise la semaine prochaine son cocktail de rentrée et invite tous les jeunes dirigeants francophones de République tchèque qui sont intéressés par cette association à les rejoindre pour cette réunion de rentrée. Contacts et infos sur le www.jeunesdirigeants.fr