Le premier ministre Petr Nečas invité à sauver sa face
Comme il fallait s’y attendre, la démission du ministre de l’Environnement, Pavel Drobil, n’a pas mis fin à l’affaire qui s’étale depuis deux jours à la une des journaux tchèques et dans laquelle le ministre a joué un rôle non négligeable. Après la publication des documents existant sur cette affaire par le journal Mladá fronta Dnes, un soupçon de corruption plane sur certains fonctionnaires du ministère de l’Environnement (voir notre article du 16 décembre). La presse s’interroge notamment sur la réaction incompréhensible du Premier ministre, Petr Nečas, qui a été informé, il y a déjà deux mois, de ce qui se passait au ministère et n’a pourtant rien fait.
Selon la politologue Vladimíra Dvořáková il ne sera cependant pas facile pour Petr Nečas d’expliquer de façon convaincante pourquoi il s’est limité seulement à conseiller à Libor Michálek de s’adresser à la police malgré les informations inquiétantes dont il disposait :
« Je ne comprends pas surtout le comportement du Premier ministre. Si le chef de gouvernement a reçu dès octobre un mail dans lequel quelqu’un lui demandait une rencontre en présence d’un représentant du Service de renseignement (BIS), cela devait être pour le Premier ministre, qui est aussi le chef du BIS, un signe évident que l’affaire de corruption dont il est question devait toucher jusqu’au ministre. »
Et Vladimíra Dvořáková de constater que Petr Nečas devait se rendre compte que l’affaire touchait la sécurité de l’Etat et que sa réaction ne correspondait pas à l’importance du problème.
L’opposition, selon laquelle l’affaire révèle les pratiques frauduleuses dans l’appareil de l’Etat, a déjà déposé une motion de censure contre le gouvernement. Le vote à la Chambre des députés aura lieu mardi prochain. L’ancien leader du Parti social-démocrate, Jiří Paroubek, approuve cette initiative :
« Je pense que c’est un pas logique qui a été approuvé par le groupe social-démocrate à la Chambre des députés. Il s’avère que cette affaire a non seulement une dimension morale mais aussi très probablement juridique et pénale. Le ministre Drobil aurait dû agir et, selon les analyses des juristes, même le Premier ministre aurait dû prendre des mesures appropriées après avoir appris qu’il y avait un danger d’agissements illégaux. Il aurait dû s’adresser lui-même à la police. »La police a déjà longuement interrogé Libor Michálek, mais la presse se montre assez sceptique et rappelle que de telles enquêtes n’aboutissent que rarement aux résultats escomptés car il est difficile d’élucider les affaires qui touchent jusqu’au sommet de la politique tchèque.