Quel avenir pour l'Académie des sciences tchèque?
La science et la recherche représentent l’unique chapitre du budget de l’Etat qui ne souffrira pas des coupes budgétaires mises en œuvre par la coalition gouvernementale de Petr Necas. Le Premier ministre en a fait part ce mardi lors de la session de l’Assemblée académique :
La situation se présente moins favorablement pour l’Académie des sciences tchèque qui est pourtant la première institution scientifique dans le pays. Son budget ayant été réduit en 2010 de 500 millions de couronnes, elle devra encore faire face à une réduction, l’année prochaine, d’un montant de 100 millions de couronnes. Jiří Drahoš, président de l’Académie :
«Cette réduction est bien sûr très désagréable et elle aura des retombées négatives. On ne pourra pas, par exemple, acheter des appareils sophistiqués qui sont chers, mais sans lesquels on ne peut pas faire aujourd’hui sérieusement des recherches scientifiques. L’Etat accorde des moyens financiers à ce domaine, c’est vrai, mais ce qui nous préoccupe c’est la façon dont il les distribue».Selon le concept gouvernemental, c’est la recherche appliquée réalisée au sein des entreprises qui est tenu d’être désormais privilégiée, au détriment justement de l’Académie des sciences. Cette tendance avait d’ailleurs provoqué l’année dernière, à Prague, des protestations ouvertes de scientifiques et de leurs sympathisants. « L’assassinat de la science tchèque », tel a été un des slogans brandi par les manifestants.
Des interrogations persistent encore aujourd’hui, en dépit du fait que le dialogue entre l’Académie des sciences et le gouvernement semble entamé. Jiří Drahoš explique:« Force m’est de constater que l’incertitude marque le climat au sein des milieux scientifiques. On peut dire que les finances elles mêmes ne représentent pas le point le plus critique. Ce qui est plus grave, c’est l’incertitude qui plane sur l’avenir de ces institutions. Dans une telle situation, beaucoup de jeunes scientifiques décideront peut-être de quitter le pays et d’aller travailler à l’étranger. C’est ce qui m’inquiète vraiment».
Au cours des vingt dernières années qui se sont écoulées depuis la chute du régime communiste, l’Académie des sciences tchèque a subi d’importantes transformations qui se sont traduites par la réduction du nombre de ses lieux de travail. Il y en a aujourd’hui 53 au lieu de 88 auparavant.