L’enfance d’Icare : film-testament de Guillaume Depardieu

L’enfance d’Icare

Parmi les films présentés à la 13e édition du Festival du Film Français, L’enfance d’Icare, un film du jeune réalisateur roumain Alexandre Iordachescu. Il suscite l’attention notamment parce qu’il s’agit là du tout dernier film dans lequel joue Guillaume Depardieu, avant son décès brutal à la fin du tournage. Un premier long-métrage qui raconte l’histoire d’un avocat dont la vie est brisée par un accident de la route. Amputé d’une jambe, il est prêt à se soumettre à une expérience clinique menée par un scientifique qui prétend pouvoir faire repousser sa jambe. Rencontre avec Alexandre Iordachescu.

Guillaume Depardieu
« Ce qu’il faut savoir c’est que ce genre de recherches n’a rien d’exotique. Ce n’est pas de la science-fiction. La recherche en laboratoire va même plus loin que ce que j’indique dans mon film. Dans les techniques de clonage, de modification de la vie, il y a de nombreuses choses inédites, dans la création de nouvelles formes de vie, dans la possibilité de cloner in vitro des organes afin de disposer d’un organe de remplacement au cas où l’un ou l’autre devrait devenir défaillant. Et effectivement, une des recherches qui n’est pas encore au point, mais sur laquelle beaucoup de gens travaillent, c’est la capacité de réactiver une aptitude qui est en nous, la régénération, aptitude qui s’inhibe après les premiers mois de notre existence. »

L’enfance d’Icare
Evidemment, difficile de ne pas parler de Guillaume Depardieu, qui tient le rôle principal et qui est décédé après le tournage du film. Donc c’est un film très marqué par sa présence d’acteur, mais aussi par son tragique dénouement. Le héros de votre film est justement cet avocat qui a perdu une jambe dans un accident de moto, comme Guillaume Depardieu lui-même. C’était évident pour vous de choisir Guillaume Depardieu pour ce rôle qui apparaît presque comme un rôle autobiographique...



L’enfance d’Icare
« Le scénario a évolué au fur et à mesure que Guillaume et moi travaillions dessus. Je peux vous dire sincèrement que jusqu’au moment du tournage, je ne m’étais pas rendu compte à quel point c’était devenu autobiographique. L’idée n’était pas de faire un film sur Guillaume Depardieu mais de se servir de tout ce qu’il avait comme expérience et vécu pour donner de la réalité à cette histoire, pour dire : ‘non, ce n’est pas de la science-fiction’. Il faut savoir que Guillaume était très sensible à ces questions-là, il s’était investi dans ce film, précisément parce qu’il pensait que ce thème était important. Donc, il y a cette correspondance. Ce qui est très important de savoir aussi, c’est que le personnage de Jonathan Vogel dans le film est très loin du Guillaume Depardieu réel. Le personnage de Jonathan Vogel est dans la retenue, le refoulement, il n’arrive pas à exprimer ce qu’il ressent. »

Alexandre Iordachescu
Il retient tellement les choses que c’est son visage qui l’exprime...

« C’est sur cela qu’on avait travaillé avec Guillaume. Enlever le plus de dialogue possible, et laisser s’exprimer le corps. Le corps qui souffre, qui somatise. C’était un axe important, complètement différent de Guillaume qui s’exprimait beaucoup, de manière très vive, très franche. Donc c’est véritablement un personnage de composition qu’il a créé, même s’il a eu recours à son expérience personnelle pour l’ancrer dans la réalité. »

Le film sortira en salles en République tchèque le 13 janvier prochain.