Littérature : Karel Hynek Mácha, le faux romantique

Karel Hynek Mácha

Sans lui et sans son poème « Máj » (« Mai »), œuvre tchèque la plus éditée de l’histoire, la littérature tchèque ne serait pas ce qu’elle est. Il y a 200 ans de cela, le 16 novembre 1810, naissait à Prague un des plus grands poètes de langue tchèque, Karel Hynek Mácha. Considéré comme l’un des représentants les plus marquants du romantisme littéraire, Mácha n’était cependant pas le cœur tendre et pur souvent présenté.

Karel Hynek Mácha | Source: Kramerius/Bibliothèque nationale/Wikimedia Commons,  public domain
Qui était donc vraiment Karel Hynek Mácha, de son vrai nom Ignác Mácha, né à Prague d’un pauvre meunier de Malá Strana ? C’est la question que se posent encore un grand nombre de médias tchèques à l’occasion du bicentenaire de la naissance du poète. Mais avant tout celui-ci reste une source d’inspiration inépuisable pour un grand nombre de Tchèques fascinés par son œuvre et notamment « Mai ». Responsable de la Société de la poésie, Martin Zborník explique pourquoi :

« Il m’a inspiré lorsque j’étais plus jeune et que j’essayais d’écrire moi-même de la poésie. Ce qui me plaît chez Mácha, c’est qu’il était timbré, un peu loufoque. Il se rendait dans les châteaux abandonnés, il passait ses nuits à la belle étoile, parfois dans des ruines, et il reste pour moi aujourd’hui encore un symbole de la jeunesse. Ce n’était pas un monsieur reconnu qui restait assis quelque part dans ses habits noirs. Il vivait sa poésie, et il est même mort poétiquement si on peut dire les choses comme ça. Ce sont autant de raisons qui font que je l’aime. »

Mort à 26 ans seulement, victime sans doute du choléra après avoir bu l’eau contaminée d’une rivière de Litoměřice, en Bohême de l’Est, Karel Hynek Mácha a laissé de nombreux points d’interrogation derrière lui, tant sur son œuvre que sur la vie (bien remplie malgré son jeune âge) qu’il menait. C’est sans doute pourquoi plusieurs dizaines de manifestations se tiennent un peu partout actuellement en République tchèque.

Marcheur infatigable, capable de parcourir des centaines de kilomètres en quelques jours pour admirer les beautés de sa Bohême et de la Moravie, Karel Hynek Mácha a également rédigé, outre « Mai » et d’autres œuvres moins connues du grand public, un journal intime dans lequel il raconte son quotidien de jeune poète. Et certains passages croustillants, bien que narrés dans un style raffiné, laissent à penser que Mácha avait plus du sadique que d’un grand romantique.

Personnage compliqué et mystérieux aux multiples facettes, Mácha reste donc aujourd’hui encore une énigme. C’est aussi tout ce qui fait son charme.