Fresh Film Fest : un atelier documentaire sur les « nouveaux envahisseurs » de Prague
Nisi Masa est un réseau européen d’associations européennes dans 23 pays qui fait travailler de jeunes réalisateurs et scénaristes de tous pays sur un même projet. Le festival du film étudiant Fresh Film Fest, à Prague, est membre de ce réseau. Et c’est dans ce cadre qu’est organisé toute cette semaine, dans la capitale tchèque, un workshop intitulé : Visions of Prague. Marion Perrin travaille pour le réseau Nisi Masa et accompagne à Prague le groupe de jeunes cinéastes.
En quoi consiste cet atelier ?
« Ce sont 25 jeunes réalisateurs européens, issus de cinq pays d’Europe (France, Italie, Espagne, Autriche et République tchèque) qui se rencontrent pendant une semaine pour réaliser cinq courts-métrages documentaires sur le thème ‘Les envahisseurs à Prague’ que ce soit la publicité, les expatriés, les touristes... A la fin de la session, c’est-à-dire samedi 28 août, à 19h, ces films seront projetés à la FAMU dans le cadre du Fresh Film Fest. »
Est-ce que ce thème autour des envahisseurs a un lien quelconque avec le 42e anniversaire de l’invasion de la Tchécoslovaquie par les troupes soviétiques ?
« Non, on n’y avait pas pensé quand on a proposé ce thème. Mais une des équipes de film compte faire quelque chose autour de ce thème-là. »
Comment ça se passe concrètement ? Ils sont tous arrivés ce week-end, en plein anniversaire justement du 20-21 août, même si c’est un hasard de calendrier...
« Ils sont entourés par deux tuteurs professionnels, dont Miroslav Janek et un de ses élèves, Jan Šípek. Miroslav Janek est un documentariste très connu en République tchèque et il s’occupe de la section documentaire de la FAMU. Ils vont donc les encadrer pendant toute la semaine. Les jeunes auront deux jours de shooting, mercredi et jeudi, où ils seront à l’extérieur, et deux jours de montage. »
Quel est le format de ces courts-métrages ?
« Maximum dix minutes. Entre cinq et dix minutes. »
Est-ce que vous avez déjà parlé de leurs projets ?
« Je sais qu’ils en ont déjà parlé avec les tuteurs. Ce lundi, c’était une journée de repérage dans la ville où ils se sont baladés pour concrétiser leur projet. J’ai parlé avec une des personnes dont l’équipe envisageait de faire quelque chose sur l’art de rue, les marionnettes ou voir des squats. »Est-ce des gens qui connaissent déjà Prague ou qui arrivent totalement vierges de toute expérience praguoise ?
« Je pense que c’est moitié-moitié. Dans leur candidature, on leur demandait de préciser leurs motivations. La plupart nous on dit qu’ils n’étaient pas venus à Prague mais qu’ils étaient fascinés par ce qu’ils en avaient entendu. Je pense qu’ils viennent donc avec des idées assez préconçues et qu’ils vont vite les abandonner. »
Ils vont donc devoir les confronter avec ce qu’est vraiment la ville. D’ailleurs quel est votre point de vue à vous sur Prague, sur les ‘envahisseurs’ puisque vous connaissez déjà la ville ?
« C’est très insupportable et pénible de se promener dans le centre plus d’une demi-journée. C’est envahi par les casinos, les bars, les vendeurs de n’importe quoi... Je pense que le problème, c’est que beaucoup de touristes se cantonnent à ce centre-ville et ne vont pas voir ailleurs. Ce qui est sans doute mieux pour les habitants. Mais il y a plein d’autres choses qu’on ne voit pas et qui ne sont pas mises en valeur. Je me demande ce que c’est de vivre ici, en tant que Praguois. Ça doit être étonnant de voir sa ville envahie. »Dans le cas de Prague, est-ce qu’à votre avis c’est une invasion forcée ou bien les Praguois se laissent-ils envahir ?
« Je pense qu’il faudrait le demander à un vrai Praguois. De mon point de vue c’est plutôt forcé. Je pense que ça doit être insupportable de vivre comme ça. Mais dans le fond je ne sais pas... »
Est-ce que c’est le genre de thèmes que vous avez déjà traité dans d’autres villes, où il y aurait des points de comparaison ?
« On a déjà organisé plusieurs ateliers sur ce thème-là : ‘Vision of...’ On déjà eu plusieurs villes : Istanbul, Budapest... avec chaque fois un thème spécial. Les ‘envahisseurs’, c’est la première fois qu’on traite ce thème, parce qu’on l’adapte à la ville. Le dernier qu’on a fait, c’était à Malmö en Suède, une ville qui accueille beaucoup d’immigrés. Le thème était justement ‘Identité et immigration’. »