Karel Klostermann – un romancier peu reconnu à son époque
Les romans, contes et feuilletons de l’écrivain tchéco-allemand Karel Faustin Klostermann, connu également sous les pseudonymes de Faustin ou Doubravský, reflètent la vie réelle et dure de même que les traditions des habitants de Šumava composés de bûcherons, forestiers, flotteurs de bois, verriers, braconniers et de contrebandiers. Le romancier adorait cette région faisant frontière avec l’Allemagne et l’Autriche. Très proche de la nature, il ne restait pas insensible à la beauté sauvage des forêts profondes de la Šumava. Il a très bien su décrire dans ses œuvres les liens entre l’homme et la nature, ainsi que la terrible tempête qui a fait un grand ravage dans la région en octobre 1870.
Originaire de la Šumava, Karel Faustin Klostermann est né en février 1848 à Haag am Hausruck en Autriche dans une famille de nombreux enfants. Son père était médecin et sa mère Charlotte, descendante de Huguenots français, venait de la famille Abélé, verriers renommés de la région. Au début des années 1850, son père réagit à la proposition du prince Gustav de Lamberg de devenir son médecin de famille Žichovice sous Rábí. Karel Faustin est d’abord éduqué par sa mère puis fréquente l’école élémentaire à Stříbrné Hory. Après les cours, il se balade dans la nature. En automne, il rôtit des pommes de terre au feu de camp avec les bergers, se lie d’amitié avec eux et écoute leurs histoires passionnantes. Plus tard, ces moments passés en leur compagnie seront pour lui une des sources d’inspiration pour ses œuvres. Par l’intermédiaire des bergers, il a appris à connaître et à comprendre la vie des animaux.
K. F. Klostermann fait ses études secondaires au lycée de Písek et de Klatovy. Il exauce le vœu de son père et passe les examens à la faculté de médecine de l’Université de Vienne. Mais la médecine n’est pas vraiment sa tasse de thé. Le jeune Karel quitte la faculté et travaille pendant deux ans comme précepteur à Žamberk au nord-est de la Bohême. Puis, grâce au professeur Eduard Albert, son ami et collègue d’étude, il décroche un poste de rédacteur au magazine Wanderer à Vienne.
Malheureusement, l’existence du magazine n’est que de courte durée car pour des raisons financières l’édition du Wanderer est arrêtée. Le futur écrivain trouve un poste de professeur de la langue française et allemande au lycée technique allemand à Pilsen. Vers la fin des années 1890, son épouse décède après plus de 20 ans de mariage. Aussitôt le professeur Klostermann se remarie et épouse la veuve d’un richissime exploitant. Grâce à ce mariage il vit aisément et se consacre surtout à écrire ses romans, contes et feuilletons.K. F. Klostermann, dont l’ouvre complète compte près de 40 volumes, a plusieurs fois visité la France et Paris. Un pays et une ville qu’il appréciait beaucoup. D’ailleurs, il a consacré à Paris le livre intitulé Dans les lumières et les ombres de Babel. L’écrivain était un polyglotte remarquable et outre le tchèque et l’allemand, il maîtrisait aussi admirablement bien l’italien, l’espagnol, le français, le russe, l’anglais, le roumain, le polonais, le serbe et le croate. Malgré qu’il soit aujourd´hui considéré comme l’un des plus grands écrivains tchèques de son temps, au cours de sa vie, il ne fut que peu reconnu et assez souvent critiqué.
Karel Faustin Klostermann est décédé d’un emphysème le 16 juillet 1923 à Štěkeň près de Strakonice en Bohême.Šumava doit à l’écrivain le mérite de l’existence d’un belvédère en béton, appelé le Belvédère de Klostermann, construit après la mort de l’écrivain grâce à la collecte que ce dernier avait organisé par l’intermédiaire de la Société tchéco-allemande, dont il fut le fondateur. Le belvédère s’élève sur le mont Javorník et au pied du mont se trouve le monument de Karel Klostermann, haut de 3 mètres, édifié en son honneur.