Assia Djebar : « Mon premier livre résulte d’un pari »
Fernando Arrabal, Gao Xingjian, Ian Banks font partie des personnalités de la littérature invitées au Festival des écrivains de Prague cette année. Il y a aussi Assia Djebar, écrivaine franco-algérienne, de langue française, première femme d’origine maghrébine à être entrée à l’Académie française en 2005. Auteure de nombreux romans dans lesquels les femmes ont une place significative, Assia Djebar revient sur la genèse, presque fortuite, de son écriture.
Vous avez pris les choses au sérieux cette fois-ci...
« Voilà, j’ai voulu écrire par rapport à moi-même et non par rapport au défi... Aujourd’hui, quand on me demande la liste de mes livres, j’ai oublié les premiers. Mais je sais qu’il y a ‘La soif’, ‘Les impatients’, ‘Les enfants du Nouveau Monde’, et ‘Les alouettes naïves’. Le premier roman a été écrit comme une histoire facile, avec une intrigue, un personnage qui n’était pas du tout moi... En plus je suis d’une famille musulmane, je suis très austère… Encore que… Avoir un fiancé caché des parents... »C’était une rebellion...
« Ah oui, dans mon milieu, à cette époque... A partir du deuxième roman, j’ai commencé vraiment à me passionner pour l’architecture, la construction du roman. J’ai commencé à introduire des personnages qui pouvaient, non pas être moi, mais dans un prolongement... »
Vous avez commencé à intégrer peu à peu des touches autobiographiques dans vos romans ?« Oui... En mettant des écrans. La construction permet de laisser l’imagination, les personnages plus audacieux, etc. Il y avait une espèce de jeu comme aux échecs. Mais en même temps, je pense que je ne cherchais pas à me projeter moi totalement. Ce n’était pas des romans confessions. »
Pourquoi avoir choisi ce pseudonyme Assia Djebar ?
« A l’époque parce que les deux premiers romans comprenaient des personnages de jeunes filles tellement plus affranchies que moi... Et en même temps c’était une façon de faire écran. C’est comme ça que j’ai pris mon pseudonyme. »