Les études supérieures seront payantes
Les étudiants tchèques devront probablement payer leurs études dans un proche avenir. Les trois partis qui négocient actuellement pour la formation d’une coalition gouvernementale se sont en effet entendus, mardi, sur l’introduction de frais de scolarité dans les universités et les écoles supérieures du pays.
Les négociations que mènent depuis maintenant une semaine les représentants du Parti civique démocrate (ODS), de TOP 09 et d’Affaires publiques portent leurs premiers fruits. Les trois formations, qui devraient constituer une coalition de centre-droit, débattent déjà des principaux points du programme du possible futur gouvernement. Et les frais de scolarité, qui reviennent sur la table à intervalles plus ou moins réguliers depuis plusieurs années, font partie de ces priorités.
Mardi, toutes les parties sont parvenues à un consensus portant sur l’instauration d’un système de frais de scolarité pour les étudiants. Si le projet se réalisait, ce nouveau système serait appliqué probablement à partir de l’année scolaire 2013-2014. Leur montant maximal, établi par les écoles, s’élèverait à 10 000 couronnes par semestre (un peu moins de 400 euros). Un montant qui n’a rien de rédhibitoire selon les responsables politiques, comme le pense Jan Vitula (TOP 09), qui ne voit que des avantages dans la mise en place de ces frais de scolarité :
« On peut s’attendre à ce que ce soient d’abord les écoles qui en profitent en disposant d’une nouvelle source de revenus. D’autre part, nous pensons qu’ils seront un facteur important de motivation pour les étudiants. Cela devrait les pousser à ne pas paresser, à ne pas traîner pendant plusieurs années et à consacrer plus de temps à leurs études. Cela pourrait aussi les aider à mieux réfléchir au choix de leur école et de leur filière. »Si les trois partis sont unanimes sur la nécessité de l’introduction de frais de scolarité dans le financement de l’enseignement supérieur, leurs positions divergent en revanche sur un point essentiel : quand les étudiants seront-ils tenus de régler leurs frais de scolarité ? Pendant ou après leurs études ? Jan Vitula est favorable à ce que ces frais soient réglés pendant les études :
« Nous pensons que c’est un fonctionnement plus efficace. D’abord parce que les écoles peuvent disposer immédiatement de cet argent, et ensuite parce que l’étudiant est ainsi conscient de ce que lui coûtent ses études, et cela l’amène à être plus exigeant avec lui-même. »
L’ODS et Affaires publiques souhaitent, eux, que les études soient payées une fois seulement le cursus achevé et que le jeune diplômé est entré dans la vie professionnelle, comme l’explique Josef Dobeš (Affaires publiques) :« Pour nous, la position défendue par TOP 09 est extrémiste. De notre point de vue, il est essentiel de conserver une certaine sensibilité sociale, c’est-à-dire de ne pas exclure certains étudiants, de ne pas les empêcher de pouvoir étudier dans l’école de leur choix parce que leurs parents ont de faibles revenus. Or, c’est ce qui risque de se passer s’ils sont contraints de payer pendant leurs études. Les prêts et les bourses qui leur seront attribués doivent être consacrés à autre chose qu’aux frais de scolarité, car on sait bien que suivre une formation dans l’enseignement supérieur, c’est aussi payer un logement, son alimentation et tous les à-côté qu’il peut y avoir dans la vie d’un étudiant. »
Dans le détail, Affaires publiques souhaitent voir les jeunes diplômés entrer dans la vie professionnelle avant de payer. Et ce, en outre, pas à n’importe quelles conditions puisque le montant de leur salaire devrait être au moins équivalent au montant du salaire moyen, voire une fois et demi supérieur.
Rappelons encore qu’avant que ce nouveau système de versement de droits de scolarité soit éventuellement appliqué, un système de prêts élaboré par le gouvernement sortant entrera prochainement en vigueur. Les étudiants tchèques auront alors la possibilité d’emprunter jusqu’à 54 000 couronnes par an (près de 2 120 euros).