Depuis 10 ans, Nový prostor aide les personnes en situation de précarité

Il y a 10 ans est paru le premier numéro de Nový prostor, journal bimensuel qui fait partie d’un réseau international de journaux de rue: une initiative permettant d’apporter des solutions aux personnes en situation de précarité et aux sans-abri.

Le premier numéro de Nový prostor, qui s’appelait alors ‘Patron’, a paru en Tchéquie le 13 décembre 1999. La mission consistait à aider les personnes vulnérables mais aussi à créer une plate-forme de communication qui devait toucher toutes les sphères sociales, les âges et les cultures. Le rédacteur en chef Alexandr Budka se félicite de ce qu’un nouvel espace – qui est le nom du journal, s’est créé dans l’ambiance de rue et que le journal est aujourd’hui de notoriété publique :

Alexandr Budka
« Depuis 10 ans qu’il est en vente, on est parvenu à faire en sorte que tout le monde, dans ce pays, quand on dit Nový prostor, est au courant de ce que cela veut dire, ce qui est formidable. »

Nový prostor est pour l’instant l’unique titre tchèque vendu par les sans-abri dans la rue et le métro. Le principe est simple : le vendeur l’achète à 50% du prix en couverture et garde la moitié de la recette. Le code de la vente est strict : le numéro du journal doit correspondre au numéro inscrit sur la carte du vendeur. Il est interdit de déranger les passants, mendier, être en état d’ivresse ou sous l’emprise de drogues. Dagmar Kocmánková, directrice de la distribution :

« En ce moment, nous avons à Prague environ 80 vendeurs. Auparavant, la quasi-totalité étaient des sans-abri, mais cette population change de visage : on y rencontre des jeunes sans famille, des fous sans asile, des personnes âgées sans maison de retraite et ces derniers temps aussi de plus en plus de personnes qui ont perdu leur emploi. »

C’est le cas de Richard Novák. Ancien employé d’un atelier d’études pour le traitement des eaux usées, il s’est retrouvé à la rue après avoir été trompé par son ancien meilleur ami. Son poste de vente est au métro Florenc :

Richard Novák
« Cela nous procure du travail, c’est une façon de gagner sa vie, même si c’est parfois bien difficile, car les ventes ne sont pas énormes, mais c’est un travail comme les autres. C’est le principe du métier de camelot. »

Un numéro courant coûte 40 couronnes. La moitié du prix de vente revient au vendeur. S’il vend 15 exemplaires dans une journée, le gain est de 300 couronnes par jour et quelques 6000 couronnes par mois, soit l’équivalent de 230 euros. Combien de temps doit-il rester chaque jour à son poste ?

« Officiellement c’est toute la matinée, mais non officiellement, afin qu’on puisse se payer un lit, de la nourriture et, en ce qui me concerne, aussi, des cigarettes, je commence à 7.30 du matin et je pars vers 19 heures du soir, ce qui fait près de 11 heures. »

Critiqué dans le passé pour son contenu, le journal est aujourd’hui rédigé par des professionnels du journalisme, et s’exprime sur des thèmes d’intérêt commun : culture, écologie, droits de l’homme, questions sociales. Trois ou quarte pages sont réservées aux vendeurs actuels ou aux anciens, pour lesquels la vente du journal a été une chance. Or pour le rédacteur en chef Alexandr Budka, le plus grand succès du journal depuis ses dix ans d’existence est que la marque de Nový prostor apporte à ses vendeurs le respect de leur entourage.