Botas Classic 66 : l’ostalgie fashion à la tchèque
Botas, de leur petit nom botasky : des chaussures que tous les Tchèques connaissent et que quasiment tous ceux de plus de 25 ans ont déjà portées. La Botas, créée en 1966, revient aujourd’hui au goût du jour, grâce à deux jeunes designers tchèques qui ont décidé de la moderniser et de lui donner des couleurs. Version mode de l’ostalgie, cette nostalgie des produits fabriqués sous le communisme ?
Lancement de la nouvelle collection de Botas Classic 66, il y a quelques mois : c’était dans le grand magasin Bat’a de la place Venceslas à Prague, avec tous les people du coin. Une soirée animée par l’acteur Jiří Macháček, chaussé de Botas blanches à rayure rouge :
« Ce sont des chaussures qui s’appellent Botas Classic 66, fabriquées pour la première fois en 1966. La légende continue aujourd’hui grâce à deux jeunes designers progressistes, Jan Kloss et Jakub Korouš, qui ont décidé de faire vivre cette légende. »A l’origine, c’est le professeur de ces deux jeunes étudiants en design qui leur a demandé de dessiner un nouveau modèle de chaussures de sport. Eux ont choisi de faire du neuf avec du vieux :
« Avec Jakub on s’est décidé à prendre une chaussure un peu fatiguée, obsolète, et à ne pas changer sa forme mais la conceptualiser avec des différents graphiques, textes et couleurs pour relancer le phénomène et utiliser le potentiel qu’on voyait dans cette chaussure et qui restait selon nous assez peu exploité. »
Les Botas (« boty » veut dire chaussures en tchèque) de Jan Kloss et Jakub Korouš ont impressionné les spécialistes et ils se sont vu remettre le premier prix du European Design Award à Stockholm l’année dernière, ainsi qu’un troisième prix au Czech Grand Design. Du coup, ce qui avait commencé comme un exercice donné par un professeur a fini sur les rayons des magasins.
Jan Kloss : « Au fur et à mesure ont été créés les différents modèles qui existent aujourd’hui. Une fois qu’on a tout réalisé, y compris les boîtes et la campagne publicitaire, on est allés présenter notre projet à la société Bat’a, parce que pour nous c’était le meilleur partenaire possible pour la distribution : c’est une société tchèque assez grande et qui a une bonne réputation. Pour nous c’était le partenariat idéal. »
Et pour la société Botas, qui a mis un peu de temps à se laisser convaincre par le projet, c’était quasiment inespéré. « Nous avons été surpris par la vitesse à laquelle les chaussures ont commencé à se vendre, confie Petr Lazner, le PDG de Botas, qui précise que la clientèle est essentiellement composée d’adolescents et de jeunes adultes. La nouvelle Botas n’est pas tellement différente de la Botas d’origine, mais Jan Kloss explique qu’ils ont quand même fait quelques changements :
« A la base c’était une chaussure faite pour jouer au tennis-ballon, donc même si elle est souvent portée en ville elle reste assez étroite à la pointe pour que le pied soit bien maintenu. On a quand même changé la matière pour passer du synthétique au cuir, ce qui permet de l’élargir et de la rendre plus confortable, sinon les changements par rapport à la chaussure d’origine restent très mineurs. »
Modifications mineures, sauf pour les lacets, qui ne plaisaient pas aux deux jeunes designers et qui les ont remplacés par des lacets « plus rétro ».
Parmi les modèles les plus vendus se trouvent les modèles ‘patriotiques’, celui sur lequel est dessiné le Lion à deux queues, symbole de la Bohême et de la Moravie, et celui dessiné aux couleurs nationales bleu, rouge et blanc. Jan Kloss espère faire de ces souliers quelque chose de typique :
« Pour que par exemple quand un touriste étranger vient, au lieu d’acheter un vase en cristal il achète des Botasky, un produit typiquement tchèque joliment emballé, avec une histoire. »
Ce sera peut-être moins cher qu’un vase en cristal, le prix moyen des Botasky est de 1600 couronnes, environ 60 euros. Et d’ici quelques jours, un ‘concept-store’ - un magasin entièrement dédié à ces chaussures - devrait ouvrir dans le centre de Prague.