Le gouvernement Mirek Topolánek au bord du gouffre

Mirek Topolánek, photo: CTK

Le cabinet Mirek Topolánek traverse le moment le plus difficile de son existence et, selon certains observateurs, il serait pratiquement au bout du rouleau. Le mardi 24 mars, l’opposition déposera contre lui, pour la cinquième fois déjà, une motion de censure à la Chambre des députés. Et il se peut que cette fois-ci l’opposition ait assez de forces pour le renverser.

Mirek Topolánek,  photo: CTK
Plusieurs affaires ont éclaboussé ces derniers temps le gouvernement tchèque. Son chef, Mirek Topolánek du Parti civique démocrate (ODS) s’est vu accuser par l’opposition d’avoir manipulé la justice par l’intermédiaire de la procureure générale et de chercher à protéger un député soupçonné d’avoir abusé de subventions d’Etat. Face à ces accusations qui ont eu pour conséquence des appels répétés à sa démission, Mirek Topolánek a contre-attaqué. Il a déclaré devant la Chambre qu’il disposait de documents prouvant que la social-démocratie avait manipulé la dernière élection présidentielle :

«Il s’agit de preuves montrant comment a été manipulée l’élection présidentielle il y a un an, sur les façons dont a été violé le droit constitutionnel et s'De la race en Amérique'ur les façons dont messieurs Randák et Dimun ont mené et dirigé cette affaire. »

On s’étonne quelque peu que Mirek Topolánek ait recours à de telles accusations, puisque c’est le candidat de son propre parti, Václav Klaus, qui a finalement été élu à la présidence de la République.

De tels conflits ne sont pas tout à fait exceptionnels au sein du Parlement tchèque. Si cette fois-ci leurs conséquences risquent d’être plus graves, c’est parce que le cabinet en place ne dispose plus de la majorité dans la Chambre. Il est d’ores et déjà évident que, mardi prochain, la motion de censure sera votée par les députés sociaux-démocrates et communistes qui sont au nombre de 97. Le chef du groupe communiste dans la Chambre, Pavel Kováčik, le confirme :

«Je suis convaincu que nous devons exprimer notre désaccord avec ce gouvernement et notre opinion que ce gouvernement doit partir. En ce moment cependant je n’ai pas d’informations sûres sur les intentions des députés rebelles des partis de coalition qui pourraient éventuellement se joindre à nous. Nous ne le saurons même pas encore lundi prochain, car évidemment, ces députés ne révèleront pas leurs intentions avant le vote.»

Parmi ces rebelles il y a quatre députés de l’ODS qui ne cachent pas leur attitude critique vis-à-vis du cabinet Topolánek, et deux députées du Parti des Verts ayant déjà voté plusieurs fois avec l’opposition. Si tous ces rebelles se joignaient aux députés sociaux-démocrates et communistes, l’opposition aurait une majorité assez confortable pour renverser le gouvernement en place. Ils ont déjà laissé entendre que leur décision dépendra beaucoup du scénario que l’opposition envisage d’adopter après une éventuelle chute du gouvernement.

Selon le vice-président du Parti social démocrate Bohuslav Sobotka cité par le journal Lidové noviny, si l’opposition réussissait à renverser le cabinet Topolánek, elle le laisserait en place jusqu’à la fin de la présidence tchèque de l’Union européenne en juin prochain. L’équipe de Mirek Topolánek serait ensuite remplacée par un cabinet de technocrates qui gouvernerait le pays jusqu’aux législatives anticipées à l’automne de cette année.