Topolánek : Sarkozy compromet la ratification du traité de Lisbonne
L’intervention télévisée du président français, jeudi dernier, continue de provoquer de vives réactions à Prague en ce début de semaine. Les Tchèques n’ont pas du tout apprécié l’attitude protectionniste de Nicolas Sarkozy. Pour le chef du gouvernement tchèque, ce genre d’attitude pourrait même compromettre la ratification du traité de Lisbonne.
« Qu’on crée une usine Renault en Inde pour vendre des Renault aux Indiens, c’est justifié. Mais qu’on crée une usine de tel constructeur, sans citer de nom, en Tchéquie pour vendre des voitures en France, ce n’est pas justifié. Parce que dans le même temps l’industrie automobile était bien heureuse de trouver le système social français pour financer les pré-retraites. Je veux qu’on arrête les délocalisations et que si possible on relocalise. »
Une allusion du président français au constructeur PSA Peugeot-Citroën, qui fabrique avec Toyota des voitures dans l’usine TPCA située près de Prague. Pour le Premier ministre tchèque, les déclarations de Nicolas Sarkozy sont « incroyables ».Mirek Topolánek considère même que « si quelqu’un voulait compromettre la ratification du traité de Lisbonne, il ne pourrait pas choisir un meilleur moyen et un meilleur moment ». Le Parlement tchèque ne s’est pas encore prononcé sur le traité européen et les débats doivent reprendre dans quelques jours.
De son côté, avec un sens de la formule assez efficace, le chef de la diplomatie tchèque Karel Schwarzenberg a déclaré : « Nous souhaitons à Monsieur le président qu’il marque ainsi des points auprès de son public. Le problème est ainsi clos ».Lundi après-midi, le quotidien français Le Monde indiquait sur son site internet que « devant les protestations de Mirek Topolánek, M. Sarkozy a jeté l'éponge sur la relocalisation en France de certaines chaînes de montage ».
« Qu’est-ce que fabriquent les Tchèques ? » avait osé le journaliste français Alain Duhamel devant Nicolas Sarkozy pour railler la présidence tchèque de l’UE.
Une journaliste du quotidien Hospodářské noviny, Lenka Zlámalová, rétorquait lundi que Prague doit « non seulement parer les attaques verbales de Sarkozy, de ses diplomates et de ses médias alliés mais doit aussi désormais parer les attaques contre le marché libre européen ».