La nouvelle administration américaine : quel avenir pour le bouclier antimissile ?
Le projet de bouclier antimissile américain en Europe est basé sur une technologie dont la fiabilité reste encore à démontrer et il est orienté contre des menaces qui ne sont pas d’actualité : une déclaration faite ce dimanche par le conseiller des présidents américains pour les questions de sécurité, Zbigniew Brzezinski, à la télévision du service public tchèque.
D’après l’un des politologues les plus réputés du XXe siècle, Zbigniew Brzezinski, l’installation du bouclier antimissile en Europe n’est décidément pas une question urgente pour le nouveau président américain Barack Obama :
« Premièrement, il s’agit d’une initiative issue de l’administration précédente. Il faut se rendre compte aussi que le bouclier antimissile repose sur une technologie qui n’a pas fait jusqu’à présent ses preuves et qu’il est orienté contre des menaces qui ne seront urgentes que dans une dizaine d’années. Finalement, ce bouclier est censé protéger l’Europe occidentale, mais celle-ci n’en a pas fait la demande. »
Selon Zbigniew Brzezinski, l’attitude au départ sceptique des Tchèques et des Polonais a changé au profit de l’implantation du bouclier après que la Russie ait formulé ses menaces au point que, aujourd’hui, c’est comme si les Tchèques et les Polonais étaient plus favorables à cette initiative que les Etats-Unis.
Dans les sondages, la majorité des Tchèques refuse toutefois toujours l’installation du radar, partie intégrante du projet de bouclier antimissile américain en Europe. Le Sénat a déjà voté pour ce radar. A la Chambre des députés qui doit en débattre dans sa session de février, la ratification se heurte à l’opposition de la gauche. Le sénateur social-démocrate et président de la commission des Affaires étrangères Jiří Dienstbier estime que la nouvelle administration américaine renoncera au plan de son prédécesseur :« Je pense qu’il n’en sera rien, que le radar ne sera finalement pas installé. L’actuelle crise économique pourrait être un bon prétexte pour mettre le projet au fond du tiroir et le laisser là-bas… »
En revanche le ministre des Affaires étrangères Karel Schwarzenberg, tout en admettant que l’installation du radar puisse être retardée, reste convaincu du bien-fondé du bouclier antimissile :
« Je peux imaginer que ce ne sera pas une priorité comme c’était le cas sous l’administration du président George Bush. »Karel Schwarzenberg fait appel à la Chambre des députés pour qu’elle adopte l’accord tchéco-américain sur le radar, car les conditions que la Tchéquie a négociées sont très bonnes pour elle. Le ministre se déclare favorable à inviter la Russie à une coopération sur la défense antimissile en Europe, mais pas pour réviser l’accord existant.
La possibilité d’un changement dans les négociations avec Moscou a, en effet, été signalée par Washington après que la Russie avait annoncé, la semaine dernière, avoir renoncé à son intention de déployer ses missiles mobiles Iskander à Kaliningrad en réaction à l’installation du radar sur le sol tchèque et de missiles en Pologne.