Par la formation contre les extrémismes
Informer et former les jeunes : telle était la principale ambition d’un projet lancé, début 2008, par l’association civique Clovek v tisni (People in need) en vue de répondre à la recrudescence des activités néonazies en République tchèque.
La partie dite publique du projet qui s’achève comprenait des spots, concerts, expositions ambulantes et un site internet. Son coordinateur, Václav Zeman, résume :
« Nous voulions offrir aux jeunes un site leur donnant des informations sur les activités des extrémistes de droite et de gauche et sur tout ce qui a trait à la scène extrémiste. Nous voulions aussi en faire une sorte de tribune de débats et d’opinions ».
La campagne a eu une importante répercussion – près de 3 000 visites ont été enregistrées lors des premiers jours du lancement du site et le taux de fréquentation a été satisfaisant tout au long de l’année. Les promoteurs du projet considèrent pourtant comme prioritaire son volet « éducatif », sous forme notamment de séminaires organisés dans les écoles primaires et secondaires et dans des centres d’apprentissage. En 2008, une soixantaine de séminaires pour près de 1 700 étudiants ont eu ainsi lieu à l’échelle nationale. Pour beaucoup de ces étudiants, c’était une première occasion d’aborder le thème de l’extrémisme et de pouvoir en discuter. Viktor Pati, étudiant en sciences politiques, est un des instructeurs engagés dans ce projet. Il explique :« On trouve parmi les écoliers et les étudiants des sympathisants de l’extrême droite. Mais il est très facile de les convaincre par des arguments, car leurs idées sont en général très simplistes. Le problème est qu’ils sèment la peur et que les autres dans leur entourage se sentent menacés. Notre travail, qui consiste à expliquer et à discuter, est donc une action de longue haleine. »Autre problème, selon Viktor Pati, l’existence assez fréquente d’opinions anti-rom chez les jeunes Tchèques. Dans ce domaine, il reste beaucoup à faire et c’est en premier lieu aux pédagogues de relever le défi :
«Les opinions anti-rom, on ne les voit pas uniquement chez les néonazis. Par exemple dans la ville de Kladno, près de Prague, l’ensemble des élèves d’une classe avec lesquels je discutais s’en prenaient aux Roms, car la situation sociale est en ce moment assez précaire. Certains sont allés jusqu’à dire qu’il faudrait les anéantir… On trouve, hélas, de telles opinions dans tous les types d’écoles. »
Même si la formation est un outil irremplaçable en vue de sensibiliser l’opinion publique et notamment les jeunes sur le danger de la montée en puissance des mouvements néonazis, ce thème est à ce jour peu présent dans les programmes scolaires en République tchèque. La publication d’un nouveau manuel intitulé « Les menaces du néonazisme » et mis à la disposition des établissements scolaires du pays se présente comme l’apparition d’une hirondelle augurant d’une amélioration de cet état de choses.